TRIBUNE. Le 19 mars 1962 entrait en vigueur le cessez-le-feu définitif entre la France et les indépendantistes algériens. 63 ans plus tard, dans un contexte de vives tensions diplomatiques, le député de l’Yonne Julien Odoul exhorte le gouvernement à cesser tout discours de repentance vis-à-vis d’Alger.
Chaque année, la même falsification. La France commémore ce qui devrait être pleuré, honore ce qui devrait être condamné. Le 19 mars 1962 n’a pas marqué la paix, mais l’ouverture d’une autre guerre. Ce jour-là, la République a baissé les armes, mais les bourreaux, eux, se sont déchaînés. FLN, milices, foules hystérisées : ils n’ont pas cessé le feu, ils l’ont intensifié.
Harkis, Pieds-Noirs, soldats, civils fidèles à la France : tous ont été sacrifiés sur l’autel d’une reddition honteuse. Et aujourd’hui encore, l’infamie se perpétue. Alors que l’Algérie continue d’exiger des excuses, d’entretenir la haine contre la France, d’ériger en héros ceux qui ont massacré et torturé nos compatriotes, la République persiste à commémorer cette trahison.
Pourquoi maintenir cette mascarade alors même que l’Algérie refuse la réciprocité, insulte notre mémoire et piétine nos décisions de justice en refusant de reprendre ses délinquants sous OQTF ? Chaque gerbe déposée le 19 mars est une humiliation supplémentaire, un signal de faiblesse envoyé à ceux qui n’ont jamais cessé de nous mépriser. Il ne s’agit plus seulement de boycotter cette date : il faut mettre un terme à cette commémoration. Le temps du renoncement est fini. Il est inconcevable que la France continue à célébrer l’un de ses plus grands abandons alors même que le régime algérien persiste dans son chantage et son ingratitude.
Pendant que l’Algérie ordonne des excuses, réclame des réparations, protège ses criminels et entretient sa francophobie, notre pays s’apprête, une nouvelle fois, comme si de rien n’était, à commémorer cette trahison. Le 19 mars ne doit plus être un jour de commémoration, mais un jour de rupture. Boycotter ces cérémonies, c’est refuser une fois de plus de baisser la tête.
« De l’Algérie, on ne guérit jamais. » Albert Camus l’avait compris. Nous aussi. Pour lui, l’Algérie n’était pas une nation, mais une patrie partagée, où deux peuples, nés sur la même terre, ne pouvaient être arrachés l’un à l’autre sans déchirer l’Histoire. Pourtant, la France a tranché. Premières victimes de cette déchirure, les Harkis ont eu à choisir entre le bateau ou le cercueil, entre l’oubli et la mort.
Dès le cessez-le-feu, la traque des terroristes du FLN s’est intensifiée. Dans les villes et les campagnes, ceux qui avaient combattu pour la France ont été livrés aux pires supplices. Égorgés devant leurs familles, écartelés, brûlés vifs, leurs corps mutilés exposés en trophées. Certains furent jetés vivant dans des fosses, d’autres emprisonnés dans des camps où l’agonie dura des mois. Ils étaient 200 000 à avoir servi la Grande Nation qui allait de Dunkerque à Tamanrasset. Entre 60 000 et 150 000 ont été exterminés. Seuls 40 000 ont revu leurs familles. Ceux qui ont réussi à s’échapper furent abandonnés dans des camps de transit en métropole, relégués comme des parias sur la terre pour laquelle ils avaient risqué leur vie.
Pour les Pieds-Noirs, le 19 mars, c’est l’exil ou la mort. Un million de Français d’Algérie ont été contraints de fuir en quelques semaines. Des familles entières sont montées sur les bateaux en laissant tout derrière elles, chassées par la peur des enlèvements, des viols et des assassinats. D’autres n’ont pas eu cette chance. Le 5 juillet 1962, à Oran, des centaines d’Européens ont été raflés, abattus dans des caves, éventrés dans les rues, jetés dans des charniers anonymes. Des femmes furent enlevées, torturées, violées, réduites en esclavage dans une barbarie que l’Histoire officielle s’obstine encore et toujours à dissimuler.
Pour les soldats français qui ont combattu en Algérie, le 19 mars 1962 marque le commencement de la négation de leur héroïsme et de l’occultation de leur bravoure. Durant huit ans, ces hommes ont lutté contre la terreur du FLN, protégé les populations civiles en dépit des ordres reçus, risqué leur vie dans les djebels. Ils n’ont eu ni reconnaissance, ni gratitude, seulement l’amertume de voir leur pays s’humilier et trahir ses propres enfants.
Et pourtant, chaque année, l’État français ose commémorer.
En 2012, la gauche a réussi, une fois de plus, à ajouter l’insulte à la trahison. Plutôt que de garder la date neutre du 5 décembre instaurée par Jacques Chirac en 2003, François Hollande a fait du 19 mars une commémoration officielle. Un premier pas dans la soumission mémorielle, qui s’est depuis transformée en une véritable capitulation.
Julien Odoul