Le féminicide est un acte de violence extrême qui reflète des inégalités de genre profondément enracinées dans la société. En Nouvelle-Calédonie, comme dans d’autres régions, le féminicide est un problème grave qui soulève des questions sur la violence faite aux femmes et les mécanismes de protection et de justice. Il peut prendre plusieurs formes, y compris et très souvent les meurtres commis par un partenaire intime, mais aussi par des membres de la famille ou d’autres personnes. La lutte contre le féminicide implique non seulement des mesures législatives et judiciaires, mais aussi des efforts de sensibilisation et d’éducation pour changer les mentalités et prévenir la violence de genre.
Aujourd’hui, nous mettons en lumière le féminicide de Nina Vité, âgée de 35 ans, qui a été tuée par son compagnon Jérôme C., 38 ans, le jeudi 14 juillet 2022, dans leur appartement de l’Anse-Vata à Nouméa. Il lui a porté un coup fatal à la tête. Elle a succombé à ses blessures deux jours plus tard à l’hôpital. Le couple était en train de se séparer, et Nina était mère de deux enfants âgés de 5 et 7 ans. Elle prévoyait de retourner en métropole le 25 juillet. Nina, après avoir brillamment terminé ses études en droit, exerçait en tant que juriste à Nouméa. Elle avait également suivi une formation en médecine douce et projetait d’ouvrir son propre cabinet à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne). Jérôme C. a été mis en examen pour meurtre aggravé, un acte qualifié de féminicide.
Sa mère et ses amis l’appelaient affectueusement « La Douchka ».
Le verdict tant attendu a été rendu ce samedi 22 mars au palais de justice de Nouméa, après deux heures de délibération. Jérôme C. a été condamné à une peine de vingt ans de réclusion criminelle, accompagnée de dix ans d’inéligibilité et d’une interdiction de port d’arme pour une durée équivalente. Le procès, qui a duré plusieurs jours, a été marqué par des débats intenses concernant l’intention de l’accusé lors du meurtre de sa compagne. Les jurés ont finalement opté pour la qualification de meurtre, rejetant l’argument de la défense qui plaidait pour des coups et blessures mortels aggravés.
L’audience a révélé des éléments troublants, notamment le fait que Jérôme C. aurait tenté de dissimuler la scène de crime en la présentant comme un accident. Il aurait fait disparaître des preuves, y compris l’arme du crime, qui n’a jamais été retrouvée. Ce n’est que quatre mois après les faits qu’il a admis avoir porté au moins deux coups à la tête de sa compagne. Selon l’accusation, le mobile de cette violence serait lié à un comportement « égocentrique » et « manipulateur » de l’accusé, qui n’aurait pas supporté la séparation.
La défense a tenté de contester cette interprétation, qualifiant le portrait dressé de son client de déformé et accusant le jury de juger de manière excessive.
À l’issue du procès, Jérôme C. a exprimé ses regrets, affirmant qu’il n’avait jamais eu l’intention de tuer Nina et adressant ses excuses à sa belle-famille ainsi qu’à ses enfants. Cependant, ses déclarations n’ont pas suffi à émouvoir le jury. Le verdict, prononcé en début d’après-midi, a été un choc pour la défense, qui a reconnu la gravité de la peine tout en notant qu’elle était inférieure à la réclusion à perpétuité initialement encourue.
Le féminicide de Nina Vité est un tragique événement qui a suscité une grande émotion et une mobilisation autour de la lutte contre les violences faites aux femmes. Cet acte a mis en lumière les problématiques liées aux féminicides et à la nécessité d’agir pour protéger les femmes et prévenir de telles tragédies.
Les féminicides sont souvent le résultat d’un cycle de violence qui peut être difficile à détecter et à stopper. Les cas comme celui de Nina soulignent l’importance de sensibiliser le public, d’améliorer les lois et les protections pour les victimes, et de favoriser un environnement où les femmes se sentent en sécurité pour signaler les abus.