Alors que la Nouvelle-Calédonie s’apprête à recevoir le ministre des Outre-mer Manuel Valls pour une mission cruciale de dix jours, les différents acteurs politiques calédoniens affinent leurs positions. Entre convention du FLNKS à Yaté et préparation des loyalistes, l’archipel vit un moment charnière de son histoire institutionnelle.
Une visite ministérielle décisive
Manuel Valls arrive mardi avec un objectif clair : proposer un projet d’accord global couvrant :
– Les aspects institutionnels
– Le développement économique
– Les questions sociales et jeunesse
Selon Bernard Deladrière, analyste politique, « le ministre a confirmé que l’État déposerait sur la table un projet complet, reprenant les fondamentaux des accords de Matignon et Nouméa« . Une approche qui tranche avec le « document brouillon » circulant jusqu’ici.
Le FLNKS en convention : quelles attentes ?
La convention indépendantiste à Yaté suscite des interrogations :
– Absence notable des termes « négociation » et « mandat » dans la convocation
– Risque de multiplication des participants (UCI, RDO, Parti Travailliste…) pouvant complexifier les discussions
– Question centrale : le FLNKS acceptera-t-il d’entrer en véritables négociations ?
Pour Pierre Bretegnier, « le FLNKS nouveau est au pied du mur : soit il suit le préambule de l’accord de Nouméa, soit il rejoint les opposants à cet accord« .
Loyalistes et Calédonie ensemble : deux approches distinctes
Les récentes réunions des non-indépendantistes ont révélé :
– Chez les loyalistes (Sonia Backès, Gil Brial) : trois lignes rouges (prise en compte des 3 référendums, ouverture du corps électoral, fin des référendums à répétition)
– Chez Calédonie ensemble : une approche plus consensuelle visant à « concilier les antagonismes«
Luc Steinmetz note que « CE retrouve beaucoup de ses propositions dans le document étatique« , tandis que Bernard Deladrière souligne « deux postures de départ très différentes« .
NC Eco entre en scène
Le long communiqué du mouvement patronal a fait polémique :
– Critique acerbe de la classe politique
– Opposition à la provincialisation et au gouvernement collégial
– Volonté affirmée de peser sur le débat institutionnel
Ismet Kurtovitch y voit « un groupe qui franchit la barrière entre économie et politique« , tandis que Pierre Bretegnier dénonce « une vision où les entreprises commanderaient tout« .
L’épineuse question des drapeaux
L’affaire du permis de conduire illustre les blocages :
– Condamnation du gouvernement pour non-respect de la décision judiciaire
– Mécanisme de contre-seing qui paralyse l’exécutif
– Pénuries quotidiennes qui s’accumulent
Pour Luc Steinmetz, « Cette crise révèle les dysfonctionnements de notre système collégial« . Ismet Kurtovitch propose une solution : « Il faut réglementer l’usage des signes identitaires comme en Polynésie« .
Perspectives économiques : l’angle mort des discussions
Les analystes s’inquiètent :
– Absence de vision économique claire dans les ébauches d’accord
– Situation financière catastrophique des collectivités
– Nickel toujours en crise
Bernard Deladrière rappelle que « l’accord de Nouméa avait été précédé des accords de Bercy sur le nickel. On ne peut reproduire cette erreur« .
Le calendrier prévoit :
– 4 mai : Convention du FLNKS à Yaté
– 7 mai : Arrivée de Manuel Valls
– 10 jours de discussions intensives
Comme le résume Pierre Bretegnier : « Un accord sera forcément un compromis. Les deux camps devront accepter d’être déçus sur certains points.«
La Nouvelle-Calédonie vit donc un moment historique où se joue peut-être son avenir institutionnel. Tous les regards sont désormais tournés vers Yaté puis vers Nouméa, où se dessinera dans les prochains jours l’éventualité – ou non – d’un nouvel accord politique.
@RRB