Un an après les violences de mai 2024, qui ont causé 14 morts et plus de deux milliards d’euros de dégâts, la Nouvelle-Calédonie traverse toujours une crise multiforme. Si le premier anniversaire s’est déroulé sans heurts majeurs, avec 2.600 forces de l’ordre déployées, les défis économiques et institutionnels restent aigus.
Économie fragilisée
Seuls 17 % des chefs d’entreprise expriment de la confiance en l’avenir. Les collectivités locales, affectées par une baisse de 15 % de leurs recettes, peinent à répondre à la crise sociale. La fin du chômage partiel prévue le 30 juin risque d’aggraver la situation, malgré un budget de 200 millions d’euros alloué à la reconstruction d’infrastructures publiques.
Blocage institutionnel
Les négociations sur l’avenir institutionnel, menées sous l’égide de Manuel Valls, ont échoué la semaine dernière. Deux projets s’opposaient : l’un proposant une « souveraineté avec la France » et l’autre un « fédéralisme au sein de la République », jugé facteur de partition par Valls. Aucun consensus n’a émergé, prolongeant une impasse politique initiée après trois référendums ayant rejeté l’indépendance.
Élections provinciales en suspens
Le Conseil d’État impose la tenue des élections provinciales avant le 30 novembre 2025. Le gel du corps électoral, excluant un électeur sur cinq, soulève des risques d’inconstitutionnalité. Une révision via une loi organique est envisagée, mais les délais restent serrés. Les élus actuels, en poste depuis six ans au lieu de cinq, accentuent la crise de légitimité.
Radicalisation et tensions politiques
Les loyalistes, opposés au projet gouvernemental de « double nationalité » et de transfert de compétences régaliennes, dénoncent une indépendance déguisée. Leurs critiques envers Manuel Valls s’intensifient, certains menaçant de contester le scrutin. Les indépendantistes pointent une « radicalisation » des loyalistes, nuisant selon eux à l’intérêt général.
Un comité de suivi et un « groupe de contact » au Sénat, piloté par Gérard Larcher, tentent de maintenir le dialogue. Manuel Valls présentera un rapport aux sénateurs le 21 mai, dans un contexte où l’instabilité politique persiste, risquant de prolonger l’incertitude institutionnelle.