Une mission commerciale menée par la Chambre d’agriculture et de la pêche de Nouvelle-Calédonie s’est récemment rendue en Polynésie française afin d’explorer des pistes de collaboration économique autour des filières bovines, porcines, cervidées et de la pomme de terre. Jean-Christophe Niautou, président de l’institution, revient sur les enjeux de cette initiative.
Une mission pour dynamiser les échanges interterritoriaux
Organisée par la Fédération des chambres d’agriculture et de la pêche du Pacifique (FED CAP), créée lors du Salon de l’agriculture à Paris en 2024, cette délégation regroupait des professionnels calédoniens, des représentants de l’Interprofession viande (IVNC) et de l’Office de commercialisation et d’entreposage frigorifique (OCEF).
« L’objectif était de promouvoir nos produits locaux auprès des consommateurs polynésiens, notamment via une dégustation organisée au lycée hôtelier de Papeete« , explique Jean-Christophe Niautou. La délégation a rencontré des importateurs, des distributeurs et des acteurs de la restauration, y compris les fameuses « roulottes« , incontournables en Polynésie.
Surproduction calédonienne : l’exportation comme solution
Face à une baisse de la consommation locale due aux récents événements sociaux, certaines filières, comme celles du porc, du bœuf et du cerf, se retrouvent en surproduction. « Soit nous réduisons la production, au risque de fragiliser nos exploitations, soit nous trouvons de nouveaux débouchés« , souligne M. Niautou.
La Polynésie, qui importe 98 % de sa viande bovine et 75 % de sa viande porcine, représente un marché prometteur. « Nos bovins nourris à l’herbe offrent une qualité distincte par rapport aux produits néo-zélandais« , précise-t-il.
Un accueil polynésien encourageant
Le président polynésien, Moetai Brotherson, accompagné de plusieurs ministres, a marqué son intérêt pour cette coopération régionale. « Il a exprimé sa volonté de renforcer les liens avec la Nouvelle-Calédonie, notamment via des accords en cours de discussion« , rapporte M. Niaoutou.
Complémentarité et défis logistiques
Si la Nouvelle-Calédonie exporte des viandes et des pommes de terre, la Polynésie possède une expertise avancée en agro-transformation, un secteur où le territoire accuse un retard. « Ils ont dix ans d’avance sur nous en matière de valorisation des produits locaux, notamment pour la restauration scolaire« , reconnaît M. Niaoutou.
Les échanges pourraient s’étendre à Wallis-et-Futuna, où une mission similaire est prévue en juillet. « À Wallis, les porcs vendus viennent d’Europe, alors que nous pourrions fournir des produits locaux« , explique-t-il.
Une opération commerciale d’envergure est prévue en septembre à Papeete, après résolution des questions logistiques et sanitaires. « D’ici fin 2024, les premiers échanges pourraient être effectifs« , estime M. Niaoutou.
Cette coopération, portée par la FED CAP, s’inscrit dans une vision plus large de sécurité alimentaire et de santé publique pour les trois territoires. « Ensemble, nous sommes plus forts pour négocier des financements et relever nos défis communs« , conclut-il.
La délégation polynésienne effectuera prochainement une visite en Nouvelle-Calédonie pour étudier les infrastructures locales, notamment les abattoirs.