Le parti indépendantiste Tavini Huiraatira va commémorer, samedi 17 mai 2025 à Outouaraea, les 12 ans de la réinscription de la Polynésie française sur la liste des territoires non autonomes de l’ONU. Cet acte, obtenu en 2013 sous l’impulsion du Tavini, est présenté comme une réparation d’une « injustice majeure » : le retrait unilatéral du territoire de cette liste par la France dans les années 1960, sans consultation locale. Le parti souligne que cette réinscription a rétabli un équilibre rompu par Paris, bien que réalisée elle aussi sans consultation populaire.
Vers un référendum d’autodétermination ?
Le Tavini réclame désormais un référendum d’autodétermination, distinct d’un simple scrutin de « détermination », selon les termes d’Antony Géros, président de l’assemblée de Polynésie française. Le parti prévoit d’engager des recours juridiques contre l’État français dès le 21 mai, via la Cour européenne de justice et la Cour européenne des droits de l’homme. Une ambiguïté subsiste cependant : selon le statut local, ces démarches doivent être initiées par le président du Pays, Moetai Brotherson, actuellement en France, et non par Antony Géros. Cette situation alimente des interrogations sur les tensions internes au sein du mouvement indépendantiste.
L’ONU, levier international
Le Tavini compte également intervenir lors du séminaire régional du Comité de décolonisation de l’ONU (C24), prévu du 21 au 23 mai au Timor-Leste, pour relancer les discussions sur la décolonisation. Le parti accuse la France d’avoir obtenu son siège au Conseil de sécurité de l’ONU en 1946 grâce à son statut de puissance coloniale, renforcé par les essais nucléaires en Polynésie. Oscar Temaru, leader historique du mouvement, martèle l’urgence d’un dialogue avec Paris, qu’il juge « en retard » sur le dossier.
Légitimité et critiques
La légitimité du Tavini à porter cette revendication est questionnée, notamment après sa défaite aux dernières législatives et une majorité à l’assemblée obtenue via la prime majoritaire. Antony Géros rétorque que la présence d’élus non indépendantistes ne saurait invalider le droit à l’autodétermination. Le parti insiste sur la nécessité d’un débat préalable sur la composition du collège électoral, excluant les militaires en poste depuis moins de six mois, selon Oscar Temaru.
Soutien international et tensions persistantes
Le Tavini affirme bénéficier du soutien de « 190 pays », soit 96 % des États membres de l’ONU, et accuse la France de mépriser le droit international en refusant le dialogue. « La France ne respecte pas le droit international. C’est toujours le même monologue… On n’existe pas », déplore Temaru. Si le président du Pays, Moetai Brotherson, est chargé de « gérer le quotidien », les indépendantistes jugent ses actions trop timides, réclamant une réponse claire (« un oui ou un non ») de Paris.
Enjeux et perspectives
La question de l’indépendance reste ainsi au cœur des tensions entre aspirations historiques, réalités électorales et blocages institutionnels. Entre recours juridiques, mobilisation internationale et pressions internes, le Tavini maintient son cap, malgré les obstacles. La prochaine étape, symbolique, sera le séminaire du C24, où la Polynésie française espère remettre la décolonisation à l’agenda global, dans un contexte où la France conteste farouchement cette revendication.