Le jeu géopolitique du fonds souverain Danantara
À l’heure où l’Indonésie tisse de nouveaux liens stratégiques avec les grandes puissances asiatiques, la France entend bien placer ses pions dans le paysage économique en pleine mutation de l’archipel. En ligne de mire : un possible partenariat entre le géant minier français Eramet et Danantara, le fonds souverain indonésien en pleine expansion.
Rosan Roeslani, directrice générale de Danantara, a annoncé que des accords de co-investissement seront signés dans les prochaines semaines avec la Chine, le Japon et la Malaisie. Ces partenariats, révélés en marge de la conférence DBS Asian Insights à Jakarta, reflètent une stratégie d’ouverture et de collaboration avec des acteurs internationaux majeurs.
« D’ici deux ou trois semaines, nous formaliserons un fonds commun avec plusieurs de ces pays », a précisé Rosan, tout en gardant confidentiels les noms d’autres investisseurs étrangers actuellement en négociation. Elle a souligné que le modèle de co-investissement adopté par Danantara inspirait la confiance des partenaires, puisque le fonds injecte lui-même des capitaux dans les projets soutenus.
Jusqu’ici, Danantara concentre ses investissements sur le territoire indonésien, notamment dans des secteurs clés comme la transformation industrielle et les énergies renouvelables. Parmi les projets phares : un fonds commun de 4 milliards de dollars lancé en collaboration avec la Qatar Investment Authority, destiné à renforcer les infrastructures locales. L’Australie, via son Future Fund, a également manifesté son intérêt pour une coopération renforcée.
C’est dans ce contexte que le groupe français Eramet cherche à consolider sa présence en Indonésie. Déjà implanté à Weda Bay, une mine de nickel stratégique située dans les Moluques du Nord, Eramet pourrait bientôt sceller un accord avec Danantara. Si les discussions restent discrètes, elles visent à accompagner l’Indonésie dans sa montée en gamme dans la chaîne de valeur du nickel, un minerai crucial pour la transition énergétique mondiale.
La visite d’Emmanuel Macron à Jakarta la semaine prochaine pourrait marquer un tournant. Le président français y rencontrera son homologue indonésien Prabowo Subianto, dans l’espoir d’officialiser ce partenariat stratégique. À la question de savoir si l’accord avec Eramet sera annoncé à cette occasion, Rosan a répondu avec réserve : « Nous vous tiendrons au courant plus tard. »
La France, à travers Eramet, espère ainsi trouver sa place dans ce nouvel échiquier géoéconomique asiatique façonné par Danantara.
Sources: Jakartaglobe