Un an après les violences de mai 2024, la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) sous la présidence de M. David Guyenne, brandit à nouveau la menace d’un « effondrement systémique » et propose une série de mesures pour « sauver » l’économie calédonienne. Mais derrière les formules chocs et les appels à l’urgence, on peut légitimement s’interroger : ces propositions sont-elles réalistes, ou simplement destinées à masquer l’incapacité de ses acteurs à s’adapter à une crise qu’ils n’ont pas su anticiper ?
Des mesures d’urgence… ou des pansements sur une jambe de bois ?
La CCI réclame un « étalement automatique des dettes sociales et fiscales » sur cinq ans pour les entreprises épargnées par les émeutes, ainsi qu’un moratoire pour celles qui ont été détruites. Une mesure présentée comme vitale, mais qui ressemble furieusement à une fuite en avant. « Étaler les dettes, c’est bien, mais qui garantit que les entreprises seront solvables dans cinq ans ? », s’interroge-ton.
Pire encore, la CCI demande l’annulation des pénalités déjà appliquées et un assouplissement des contrôles administratifs. « Conduits avec bienveillance et discernement », précise M. Guyenne. Traduction : moins de vérifications pour des entreprises déjà en difficulté. Mais n’est-ce pas là un risque de favoriser les mauvaises pratiques, voire la fraude, sous couvert de crise ?
L’État, garant ultime… ou vache à lait ?
La CCI en appelle à l’État, avec trois « engagements indispensables » :
1. Des délais courts pour la défiscalisation, peu importe le scénario institutionnel.
2. Une garantie financière pour la reconstruction.
3. Un retour à un système assurantiel complet.
Surtout, elle exige que l’État prévoie 1,5 milliard d’euros dans le prochain budget pour reconstruire le secteur privé. Une somme colossale, présentée comme une évidence. Mais sur quels critères ? Et qui contrôlera l’utilisation de ces fonds ?
Des indicateurs alarmants… et des réponses en trompe-l’œil
Lors d’une réunion organisée le 25 mai, David Guyenne, a insisté sur les « problèmes de confiance et d’activité », appelant à « humaniser les indicateurs » pour que les politiques comprennent la détresse des entrepreneurs.
Noble intention. Mais n’est-ce pas aussi une façon de noyer le poisson ? « Humaniser les chiffres, c’est bien, mais où sont les véritables pistes de relance structurelle ? », rétorque un chef d’entreprise excédé. « On nous parle de trésorerie, de moratoires, de garanties… mais rien sur l’innovation, la diversification, ou la réduction des dépendances économiques. »
La CCI joue-t-elle son rôle… ou celui d’un lobby ?
La CCI a le mérite de tirer la sonnette d’alarme. Mais ses propositions ressemblent davantage à un catalogue de demandes sectorielles qu’à une véritable stratégie de sortie de crise.
« Redonner de la trésorerie aux entreprises », oui. Mais à quel moment parlera-t-on de responsabilité et de modèles économiques durables ?
En attendant, les mêmes acteurs qui n’ont pas su prévenir la catastrophe réclament aujourd’hui des milliards… sans garantie que l’histoire ne se répétera pas.
« Sauver les entreprises, oui. Mais lesquelles, et pour quoi faire ? » La question reste ouverte.