Par une plume concernée
Paris doit choisir une ligne claire
Encore une fois, la Nouvelle-Calédonie assiste, impuissante, au bal des ego parisiens. Alors que notre avenir institutionnel demeure en suspens et que les plaies des violences de mai 2024 ne sont pas refermées, les annonces contradictoires s’enchaînent au sommet de l’État. Manuel Valls d’un côté, Emmanuel Macron de l’autre : qui pilote vraiment ce dossier ? Et surtout, au nom de quoi ?
Dimanche, Manuel Valls rappelait à la télévision qu’il était le seul en charge du dossier calédonien, qu’il ne tolérerait aucun court-circuit. Moins de 24 heures plus tard, Emmanuel Macron annonçait qu’il « reprenait la main ». Faut-il en rire ou s’en inquiéter ? Cette cacophonie jette un discrédit lourd sur l’État, au moment où la Nouvelle-Calédonie a plus que jamais besoin de clarté, de stabilité, et d’une volonté ferme de défendre l’unité de la République.
Nous, nous, avons été au rendez-vous. Nous avons participé aux discussions, même dans la douleur, même sous les critiques, parce que nous croyons que l’avenir de notre territoire se construit dans le cadre de la France. Nous avons tendu la main pour trouver un compromis équilibré, respectueux des identités, mais fondé sur des principes clairs : respect de la souveraineté nationale, égalité entre tous les citoyens.
Qui bloquent le dialogue aujourd’hui ? Les indépendantistes, qui exigent l’indépendance pleine et entière et refusent toute forme de projet démocratique. Ils ont quitté la table des négociations, dénoncé chaque proposition, et refusent d’envisager une solution qui ne serait pas une sortie de la République.
Et pendant ce temps, à Paris, on tergiverse. On laisse planer des doutes sur les intentions de l’État. On entretient un flou dangereux, comme si l’indépendance pouvait encore être une issue envisageable après trois référendums clairs et nets.
Ce flou alimente les tensions, fragilise l’autorité de l’État et fait le lit des violences. Les émeutes du 13 mai n’étaient pas une simple crise sociale : elles ont été l’expression brutale d’une stratégie de rupture. Ce n’est pas avec des ambiguïtés que l’on répond à cela. C’est avec une ligne ferme, une vision cohérente et un État qui assume pleinement son rôle.
Si Emmanuel Macron reprend la main, qu’il le fasse franchement. Mais qu’il le fasse dans le respect du mandat populaire exprimé par trois fois dans les urnes. Qu’il soutienne sans détour ceux qui croient en la République, au vivre-ensemble, à la diversité dans l’unité. Et qu’il cesse d’envoyer des signaux contradictoires à ceux qui remettent en cause les fondements mêmes de notre démocratie.
La Nouvelle-Calédonie n’a pas besoin d’un énième conclave, ni de jeux de pouvoir entre ministères. Elle a besoin d’une parole claire, d’un cap assumé, et d’un accompagnement loyal, stable, durable.
Assez dansé autour du feu. Il est temps que Paris marche droit.