Dans un contexte financier critique pour Prony Resources New Caledonia (PRNC), le syndicat SGTINC-CGC monte au créneau et lance un mouvement de grève pour dénoncer ce qu’il qualifie de « dérives managériales » et « pratiques contre-productives » au sein de l’entreprise.
Depuis le dépôt d’un cahier de revendications en janvier 2025, les élus syndicaux n’ont cessé d’alerter sur la gestion de PRNC, dont la situation financière s’est considérablement détériorée depuis 2023, conduisant à une dépendance accrue aux emprunts publics et à un climat social de plus en plus tendu.
Un management dénoncé comme opaque et déséquilibré
Parmi les principales préoccupations, le syndicat pointe du doigt le mode de gouvernance du comité de direction (CODIR), notamment le recours à des directeurs intérimaires sans processus de sélection transparent ni consultation interne. Des nominations faites « à distance », sans appel à candidatures, alimentent selon eux une forme de copinage au détriment de l’équité et de la compétence.
Le départ de la PDG, sans signature concrète avec le futur repreneur, ajoute à la confusion générale. Le syndicat regrette une absence totale de dialogue avec les équipes sur le terrain depuis décembre 2023, alors même que les décisions stratégiques continuent d’être prises sans consultation.
Des pratiques RH jugées discriminatoires
La SGTINC-CGC dénonce également des disparités flagrantes dans les processus de recrutement et d’évolution de carrière : les salariés locaux subiraient davantage d’étapes de sélection, y compris des tests psychotechniques non imposés aux expatriés. Selon le syndicat, certains recrutements serviraient à masquer des pratiques de favoritisme, notamment via des contrats accordés sans appel d’offres clair.
En parallèle, l’absence de stratégie RH pour la promotion des talents locaux, surnommés les « enfants du pays », est vivement critiquée. Faute de plans de carrière clairs ou d’accompagnement à la montée en compétences, ces derniers seraient systématiquement écartés des postes stratégiques, remplacés par des prestataires internationaux au coût jugé exorbitant.
Une situation financière en chute libre
Le syndicat fait le lien entre ces choix de gestion et la dégringolade financière de PRNC, dont la trésorerie ne tient désormais que par des emprunts successifs auprès de l’État. Une trajectoire qui suscite des interrogations sur la viabilité du projet industriel et le sérieux du processus de rachat en cours.
Appel à une gouvernance équitable et locale
En toile de fond, c’est toute la question de l’avenir industriel et social de la Nouvelle-Calédonie qui se joue. Le SGTINC-CGC appelle à une revalorisation des compétences locales et à leur intégration dans les organes de décision. Le syndicat milite pour une gouvernance plus équilibrée, transparente et connectée aux réalités du territoire, seule voie selon lui vers une performance durable et une autonomie financière réelle.