La situation politique en Nouvelle-Calédonie reste marquée par des divisions profondes autour de la question de l’avenir institutionnel. Harold Martin, figure historique et signataire de l’Accord de Nouméa, a récemment partagé son analyse sur RRB, des derniers développements, soulignant une crise de confiance et des manœuvres politiques à haut risque.
L’échec des discussions et le rôle controversé de Manuel Valls
Les négociations sur l’avenir du territoire, initiées par le ministre des Outre-mer Manuel Valls, ont tourné court après le conclave de Bourail. Ce dernier avait pourtant proposé un projet de « souveraineté en union avec la France », une formule qualifiée d’« inacceptable » par Harold Martin. « Comment un ministre de la République peut-il envisager de brader un morceau de la nation sans mandat clair ? » s’interroge H. Martin, dénonçant une « forfaiture ». Selon lui, cette initiative unilatérale a été désavouée par l’Élysée, comme en témoigne la convocation des parties prenantes à Paris par Emmanuel Macron pour mi-juin.
Macron reprend la main
Le président de la République semble avoir repris le dossier en main, écartant ainsi la proposition de Valls. « Le match n’est pas fini, mais nous avons gagné la première manche : celle de nous débarrasser d’un projet inique » estime H. Martin. Cette reprise en main intervient alors que les indépendantistes, notamment le FLNKS, maintiennent une position inflexible, refusant toute négociation sur un statut autre que l’indépendance pure et simple.
Le FLNKS et la question du pouvoir
H. Martin rappelle que la question posée par François Mitterrand en 1981 reste sans réponse : « À qui donner l’indépendance ? ». Pour lui, les divisions internes au sein des indépendantistes, notamment entre les « durs » et les modérés, rendent toute solution consensuelle illusoire. « Ils veulent le pouvoir, pas nécessairement l’indépendance », affirme-t-il, évoquant les risques d’instabilité en cas de rupture avec la France.
Les réactions politiques locales
L’éveil océanien et Calédonie ensemble, qui avaient soutenu le projet de Valls, sont critiqués pour leur alignement sur les positions indépendantistes. « Philippe Gomès s’est fourvoyé en s’alliant à ceux qui veulent détruire notre cadre institutionnel » assène H. Martin. Quant à l’éveil océanien, il est accusé d’avoir facilité l’accession des indépendantistes au pouvoir au Congrès.
Les visites de Marine Le Pen et François-Xavier Bellamy
Dans ce contexte tendu, les visites de Marine Le Pen (RN) et François-Xavier Bellamy (LR) prennent une dimension symbolique. Tous deux défendent le maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la République et prônent une priorité au développement économique plutôt qu’aux débats institutionnels. « Ces personnalités sont essentielles pour faire entendre notre voix à Paris », souligne H. Martin, encourageant les Calédoniens à les soutenir.
Quel avenir pour le territoire ?
Malgré les incertitudes, Harold Martin se veut optimiste : « L’indépendance n’est pas une option viable, et Macron le sait. La France ne lâchera pas la Nouvelle-Calédonie.» Il appelle cependant à la vigilance, rappelant que l’issue finale dépendra des parlementaires métropolitains.
En attendant, les Calédoniens restent suspendus aux prochaines étapes, notamment la réunion à l’Élysée en juin, qui pourrait marquer un tournant décisif.