Par une plume concernée
Je n’appartiens pas au Rassemblement national. Je viens de cette droite républicaine qui a cru, longtemps, qu’elle pourrait gagner seule. Mais aujourd’hui, alors que Marine Le Pen vacille sous la menace d’une inéligibilité, une vérité s’impose à moi : Jordan Bardella incarne ce que la droite n’a jamais su construire par elle-même — un projet d’alternance sérieux, enraciné, rassembleur.
L’affaire des emplois fictifs européens menace Marine Le Pen bien au-delà de sa personne. Si la justice la déclare inéligible, ce sera un choc symbolique, mais pas un vide politique. Car depuis deux ans, Jordan Bardella a pris les commandes sans faire de bruit. Il s’est imposé sans complot ni rupture, par la force tranquille d’une incarnation attendue.
Je le dis sans détour : Bardella est aujourd’hui le seul à droite capable de parler à la fois aux classes populaires et aux classes moyennes, aux électeurs RN comme aux déçus de LR, aux conservateurs comme aux souverainistes. Il représente, de fait, ce que nous avons toujours refusé de construire : l’union des droites, non comme slogan, mais comme réalité politique.
Pendant que nous nous divisons sur des étiquettes, lui tisse une alliance culturelle et électorale, patiemment. Il ne renie rien de ses convictions, mais il tend la main sans complexe à ceux qui, comme moi, veulent une France forte, une autorité restaurée, une identité respectée, et un État redevenu stratège.
Marine Le Pen avait compris une chose : pour gagner, il faut rassembler. Mais elle portait encore le poids de son nom, de ses combats, de son histoire. Bardella n’en a pas. Il arrive vierge d’un passé qui divise, et armé d’un avenir qui rassure.
Nous avons aujourd’hui une responsabilité immense. Nous pouvons continuer à prétendre qu’une droite « modérée » renaîtra seule dans les cendres d’un vieux monde. Ou bien nous pouvons reconnaître que la recomposition est là, et qu’elle s’incarne déjà dans une figure qui parle à notre électorat, à nos valeurs, à notre pays.
Si Marine Le Pen est contrainte de se retirer, ce ne sera pas une crise. Ce sera une opportunité. Et peut-être même un signal. Le moment est venu de construire ensemble — enfin — cette grande alliance des droites que tant de Français appellent de leurs vœux. Et Bardella, qu’on le veuille ou non, est déjà au centre de cette équation.