Entre démonstration de force et stratégie d’intimidation, Pékin a envoyé en mai deux groupes de porte-avions, près de 70 navires de guerre et des dizaines d’avions autour de Taïwan. Taipei dénonce une pression militaire sans précédent.
Une démonstration militaire sans équivalent
Durant presque tout le mois de mai, la Chine a multiplié les opérations militaires autour de Taïwan. Selon un responsable taïwanais, jusqu’à 70 navires chinois, dont des bâtiments militaires et des vaisseaux non identifiés, ont été repérés entre la mer Jaune et la mer de Chine méridionale. Deux groupes de porte-avions ont été déployés au nord et au sud de l’île, accompagnés de trois patrouilles aériennes massives impliquant 75 avions.
Pékin affirme son intention de réunifier Taïwan à la Chine continentale, y compris par la force si nécessaire. Le déploiement coïncide avec le premier anniversaire du président taïwanais Lai Ching-te et le forum annuel sur la sécurité à Singapour.
Une pression sur toute la première chaîne d’îles
La Chine ne se limite plus à Taïwan : son activité militaire s’étend à toute la « première chaîne d’îles » du Pacifique, qui relie Okinawa, Taïwan et les Philippines — zones clés de l’influence américaine. Des manœuvres air-mer à longue distance ont même été observées dans le Pacifique ouest.
À proximité des îles Penghu, 30 navires sans immatriculation ni pavillon ont été détectés. Pour Taipei, il s’agit clairement de harcèlement. À cela s’ajoutent des incidents avec le Japon, comme la confrontation entre un hélicoptère chinois et un appareil nippon près d’îles disputées, qui a entraîné des protestations diplomatiques croisées.
Les États-Unis en renfort, mais avec retard
Washington, via le Shangri-La Dialogue, a vivement critiqué la militarisation croissante de Pékin. Le secrétaire américain à la Défense a déclaré que la Chine se prépare « de manière crédible » à utiliser la force.
Dans le même temps, un ex-amiral américain a révélé l’existence d’une équipe d’entraînement américaine à Taïwan, composée de 500 membres. Il plaide pour un doublement des effectifs afin d’accélérer la préparation des forces taïwanaises face à une possible invasion. Malgré les 70 milliards de dollars de ventes d’armes américaines, beaucoup d’équipements n’ont toujours pas été livrés.
La Chine fait monter la pression militaire autour de Taïwan à des niveaux inédits, dans une stratégie de harcèlement constant. Face à cette montée en puissance, Taïwan appelle à un soutien accru de ses alliés, notamment les États-Unis, qui peinent à transformer leurs engagements en actions concrètes.