L’ancien ouvrier et avocat des droits humains Lee Jae-myung, figure controversée mais populaire du centre gauche, a remporté mardi 3 juin l’élection présidentielle sud-coréenne. Son accession au pouvoir intervient après des mois de crise politique provoquée par la tentative de coup d’État de l’ex-président Yoon Suk-yeol.
Un triomphe électoral dans un pays en quête de stabilité
Grand favori du scrutin, Lee Jae-myung, candidat du Parti démocrate (centre gauche), a remporté la présidentielle à un tour face à Kim Moon-soo, représentant du Parti du Pouvoir du Peuple (PPP, conservateur).
Le taux de participation a atteint 79,4 %, un record depuis 1997, reflet de l’ampleur des enjeux. La commission électorale a confirmé sa victoire tôt mercredi matin, marquant le début officiel de son mandat à 6 h 21.
Dans une allocution sobre mais déterminée, Lee a promis de répondre aux attentes du peuple et a appelé à l’unité dans un pays profondément divisé : “Aujourd’hui, nous sommes tous le même peuple fier de cette grande nation. Marchons ensemble.”
Une ascension hors du commun : de l’usine à la présidence
À 61 ans, Lee Jae-myung incarne une trajectoire sociale rare en Corée du Sud. Né dans une famille pauvre à Andong, il commence à travailler dès 11 ans dans une fabrique de gants. Un accident de travail à 13 ans le laisse handicapé à vie.
Pourtant, il surmonte l’adversité, suit des cours du soir, obtient un diplôme de droit et devient avocat défenseur des droits humains. Son engagement politique débute en 2010. Maire de Seongnam, puis gouverneur de la province de Gyeonggi, il se fait connaître pour sa politique sociale volontariste et ses positions tranchées.
Sa défaite de justesse à la présidentielle de 2022 face à Yoon Suk-yeol ne freine pas son ascension. Deux ans plus tard, il revient en force dans un contexte politique explosif.
Une figure controversée, entre espoirs et soupçons
S’il suscite l’espoir de nombreux Sud-Coréens en raison de son parcours atypique et de son engagement pour les plus démunis, Lee Jae-myung reste une figure controversée. Il est visé par plusieurs enquêtes pour corruption, abus de confiance et liens supposés avec une entreprise impliquée dans un transfert illégal de fonds vers la Corée du Nord.
Le climat autour de lui est tendu : cinq personnes liées aux enquêtes ont été retrouvées mortes dans des circonstances suspectes. Son adversaire conservateur l’avait d’ailleurs accusé lors de la campagne de ne pas être digne du mandat présidentiel. Mais malgré les scandales et une tentative d’assassinat en janvier 2024, Lee a su maintenir une base électorale solide.
Son programme ambitieux mise notamment sur le développement de l’intelligence artificielle pour faire de la Corée du Sud un leader mondial du secteur.
Avec cette élection, la Corée du Sud entre dans une nouvelle ère politique. Reste à voir si Lee Jae-myung, fort de son mandat tout juste commencé, saura concilier promesses sociales et stabilité institutionnelle face aux nombreuses tempêtes judiciaires et politiques qui l’attendent.
MAJ du 4/06/25 à 13h30 : le nouveau Président souhaite le « dialogue et la coopération » avec la Corée du Nord