Sonia Backès alerte sur CNews : la Nouvelle-Calédonie au bord de la rupture politique
Comment le numéro 3 du gouvernement peut-il arriver en Nouvelle-Calédonie et proposer ça ?
— Sonia Backès, CNews, 6 juin 2025
Invitée ce vendredi matin sur le plateau de CNews, la présidente de la province Sud, Sonia Backès, a livré une intervention aussi directe qu’inquiète sur la situation institutionnelle en Nouvelle-Calédonie. Dans le viseur : Manuel Valls, dont les propositions sont rien de moins qu’une « complétude de la souveraineté », autrement dit, d’indépendance pure et simple.
Valls sans mandat, mais avec des conséquences
« Il est arrivé en proposant rien de moins que d’abandonner une partie du territoire national, sans aucun mandat », accuse Sonia Backès. Elle rappelle que l’ancien Premier ministre — aujourd’hui ministre de l’Intérieur et numéro trois du gouvernement — a formulé un projet qui inclut une nationalité calédonienne, un statut international, et le transfert de toutes les compétences régaliennes.
C’est l’indépendance, malgré trois votes des Calédoniens contre.
Si elle concède que Valls est pour l’instant « très isolé dans sa proposition », elle s’interroge ouvertement sur la capacité d’un tel projet à fracturer le jeu politique local : « Comment voulez-vous que les indépendantistes fassent marche arrière, maintenant qu’on leur a tout offert ? »
Une négociation piégée et un territoire à cran
La responsable loyaliste déplore une méthode brutale, déconnectée de la réalité démocratique et de la mémoire des scrutins précédents.
On a voté trois fois non. Et on a un ministre qui dit : ce n’est pas grave, les gens ont tout cassé, donc on revient sur le résultat.
Pour elle, l’organisation éventuelle d’un quatrième référendum serait une provocation. « Quand est-ce que ça s’arrête ? […] Les référendums, finalement, ne font qu’opposer les populations avec des enjeux identitaires forts. »
Dans un territoire encore marqué par les émeutes de mai 2024, la proposition de Manuel Valls serait même un facteur de réactivation des tensions : « Il a mis en place les conditions pour que ça se tende à nouveau. »
Inquiétudes sur l’ingérence étrangère
Sonia Backès dénonce également une ingérence étrangère active : « Les Chinois, l’Azerbaïdjan, tout le monde est prêt. Les Azéris conseillent les indépendantistes, ils les accompagnent même à l’ONU. » Pour elle, les faiblesses du gouvernement français dans la gestion de ces influences pourraient, à terme, rendre le territoire vulnérable à des puissances hostiles, à l’image de ce qui s’est produit en Afrique francophone.
Si les Français sont évacués, ce sera comme en Afrique.
Une économie figée par l’incertitude
Sur le plan économique, le constat est tout aussi alarmant : 2 milliards d’euros de dégâts liés aux émeutes, des entreprises en ruines, et surtout une reconstruction paralysée par le doute : « Qui va investir quand un ministre dit que vous n’allez plus être Français ? »
À cela s’ajoute un vide juridique depuis l’abandon de la réforme du corps électoral. « On est dans un no man’s land. Pas d’élections, un corps électoral jugé illégal… À un moment, il va falloir trancher. »
Une invitation de Macron sous tension
Le Président de la République a convoqué une réunion à Paris pour « clarifier la situation ». Une initiative jugée indispensable par Sonia Backès, mais qui risque d’arriver trop tard si le flou actuel continue de nourrir tensions et divisions.
Le vrai enjeu, c’est le respect de la démocratie.