TÉMOIGNAGE – Dans un contexte économique gravement fragilisé par les émeutes du 13 mai, un entrepreneur calédonien annonce la fermeture définitive de son restaurant à Païta. Une décision douloureuse mais révélatrice d’une situation devenue intenable pour de nombreux commerçants.
Je ne suis pas une multinationale. Je suis une personne. Et je ne peux plus tenir.
Le ton est grave. Et le constat est sans appel. Le propriétaire du restaurant « Roule ma poule », installé à Païta depuis plusieurs années, a annoncé sa fermeture définitive. Une décision qu’il attribue à un effondrement progressif de son activité depuis les émeutes de mai dernier.
Une clientèle absente, un pouvoir d’achat en chute libre
Depuis le 13 mai, la fréquentation a chuté. L’insécurité, les barrages, les pertes de stocks, les coupures de chaîne logistique ont laminé l’économie locale. Et la restauration est en première ligne.
Beaucoup ont dit que c’était trop cher chez nous. Mais ce que peu comprennent, c’est que vendre de la qualité a un prix.
Mais voilà : la population locale, elle, n’a plus les moyens de consommer comme avant. Les chiffres du chômage explosent, les aides se raréfient, et les habitudes changent. Manger dehors est devenu un luxe. Même un burger fait maison, généreux et abordable, ne trouve plus preneur.
Le rêve brisé d’un entrepreneur local
Dans ce témoignage publié sur les réseaux sociaux, le restaurateur revient aussi sur une trahison interne : vols, sabotage, désengagement du personnel. Mais c’est surtout le contexte général post-émeutes qui a transformé le rêve en cauchemar.
J’ai tout mis dans ce projet : mes économies, mon énergie, mon temps. Aujourd’hui, je suis à bout.
Ce cri du cœur résonne dans une Nouvelle-Calédonie où les entrepreneurs locaux paient le prix fort d’une instabilité politique et sociale chronique.
Une phrase qui glace
La phrase revient plusieurs fois dans les commentaires, reprise comme un slogan malgré elle :
Je ne suis pas une multinationale. Je suis une personne.
C’est l’appel à l’aide d’une génération d’indépendants pris à la gorge entre l’augmentation des charges, la baisse du pouvoir d’achat et un climat de défiance généralisée.
Pas une fin, mais un signal
Les deux autres restaurants du même propriétaire, à Magenta et en centre-ville, restent ouverts. Mais lui-même le dit :
Ont a besoin de vous. […] C’est maintenant qu’on a besoin des fidèles.
Une fermeture de plus. Mais aussi un indicateur brutal : la reconstruction ne passe pas que par des discours politiques ou des plans d’aides. Elle passe aussi, et surtout, par la survie quotidienne de ceux qui créent, investissent, emploient. Et qui, aujourd’hui, tombent les uns après les autres.