Face à la montée des tensions entre la Chine et les États-Unis, les États et territoires micronésiens se retrouvent une fois de plus au centre des stratégies de domination. Un contexte qui rappelle à quel point la stabilité passe par des alliances solides et des choix clairs.
Une région convoitée, de nouveau sous pression
De l’époque coloniale à la guerre froide, la Micronésie a toujours été un carrefour stratégique pour les grandes puissances. Aujourd’hui encore, les rivalités géopolitiques s’y concentrent avec force. La récente montée en puissance de la Chine face aux États-Unis réactive les tensions, dans une région plus exposée que jamais.
Guam, territoire américain clé dans l’Indo-Pacifique, se trouve en première ligne. Le Dr Gonzaga Puas, de l’Institut de Recherche Micronésien, évoque une “nouvelle phase d’un jeu ancien” lors d’un forum virtuel organisé fin mai par un think tank basé à Guam. La Chine étend son influence, multiplie les coopérations sécuritaires, pendant que Washington tente de préserver son avance stratégique. Et les petites îles, elles, doivent naviguer entre les deux géants.
Souverainetés limitées et dépendances dangereuses
Au cœur des préoccupations : le statut même des territoires de Micronésie. Les îles Mariannes, comme Guam, sont sous contrôle américain mais privées de pleine souveraineté. Les États fédérés de Micronésie, les Palaos et les Îles Marshall sont liés aux États-Unis par des accords de libre association… qui les placent dans une zone grise juridique et diplomatique.
Pour le politologue Van Jackson, cela génère un « déficit de souveraineté » qui fragilise la stabilité régionale. Une lecture qui trouve écho dans le débat calédonien : faut-il chercher à tout prix l’indépendance, ou au contraire, consolider les liens avec une puissance tutélaire pour garantir paix, sécurité et développement ? Le choix est clair : l’intégration à un ensemble solide comme la République française constitue un rempart face à l’instabilité mondiale.
Un Pacifique qui doit choisir son camp
Les experts réunis s’accordent : il est temps que les pays et territoires du Pacifique prennent leur destin en main. Mais cela implique des choix stratégiques. Dr Ankit Panda, du Carnegie Endowment, évoque la volonté américaine de transformer Guam en véritable bastion anti-missile, au cœur d’un Pacifique de plus en plus militarisé.
Dans ce contexte, les appels à l’autonomie stratégique ou à la neutralité apparaissent comme des illusions. La seule voie réaliste passe par un alignement clair avec les partenaires historiques : États-Unis, Australie, et bien sûr, la France.
Cela suppose :
Une coordination régionale renforcée entre les territoires français du Pacifique et leurs voisins,
Un soutien assumé à la politique nationale encadrée, comme c’est le cas en Nouvelle-Calédonie,
Une vigilance accrue face aux influences étrangères, à la corruption politique et à l’instabilité juridique.
Choisir la fidélité face à l’incertitude
Dans un monde devenu multipolaire, la Micronésie illustre les risques d’un positionnement flou. Pour les territoires du Pacifique, comme pour la Nouvelle-Calédonie, la leçon est limpide : la stabilité passe par la fidélité à ses alliés, à ses engagements, et à des valeurs partagées. Le repli ou l’ambiguïté profiteraient à des puissances qui n’ont pas les mêmes exigences démocratiques.
Rester ancrés à une puissance de confiance, c’est faire le choix de la sécurité, de la clarté et de la paix. Dans cette partie du monde, c’est peut-être le seul véritable levier d’indépendance.