Mobiliser les acteurs pour protéger l’océan
Du 9 au 13 juin 2025, Nice accueille la troisième Conférence des Nations unies sur l’océan (Unoc), organisée par la France et le Costa Rica. L’événement réunit dirigeants mondiaux, ONG, scientifiques et représentants de la société civile autour d’un objectif commun : accélérer l’action pour un océan durable. Près de 110 pays sont représentés, et une cinquantaine de chefs d’État ont répondu présent. Le sommet aborde des thématiques clés telles que la surpêche, la pollution plastique, la protection des écosystèmes marins ou encore le financement de la transition écologique.
Nouvelle-Calédonie : entre protection ambitieuse et liberté de recherche
La Nouvelle-Calédonie marque les esprits avec l’annonce d’un moratoire de 50 ans sur l’exploitation des grands fonds marins, voté récemment. Elle entend ainsi préserver son patrimoine exceptionnel, en particulier le parc naturel de la mer de Corail, vaste de 1,3 million de km² et abritant 30 % des récifs vierges recensés dans le monde.
Mais cette décision divise. Si elle est saluée par les défenseurs de l’environnement, certains scientifiques et acteurs économiques s’inquiètent : un gel total de toute activité dans les grands fonds risque aussi d’entraver les expéditions scientifiques nécessaires pour comprendre la biodiversité, évaluer les ressources minérales ou anticiper les impacts environnementaux. « Comment préserver ce qu’on ne connaît pas ? », interrogent-ils.
À cette logique d’exploration, les voix autochtones comme celle de Jean-Yves Poëdi, du Sénat coutumier, opposent une vision culturelle profonde : « Nous, peuple kanak, on dit ‘protéger pour connaître' », rappelant que le savoir peut aussi naître de la préservation, et non seulement de l’exploitation.
Vers un « Accord de Paris pour l’océan » ?
L’Unoc ne débouche pas sur des accords juridiquement contraignants, contrairement aux COP climat. Mais une déclaration politique commune et un plan d’actions seront adoptés. Plusieurs sujets clés sont à l’ordre du jour : la ratification du traité BBNJ sur la haute mer, la lutte contre la pollution plastique, la création de nouvelles aires marines protégées, ou encore la pêche illégale.
La France a annoncé l’interdiction du chalutage profond et de l’exploitation minière dans 4 % de ses eaux d’ici 2026. Et malgré l’absence attendue des États-Unis, des coalitions régionales prennent le relais, comme celles des collectivités côtières nord-américaines mobilisées contre la montée des eaux.
Pour Peter Thomson, envoyé spécial de l’ONU pour l’océan, l’objectif est clair : passer à l’action. Alors que le baromètre Starfish publié le 8 juin révèle que l’eau est montée de 23 cm depuis 1901, que 37 % des stocks de poissons sont surexploités et que 1 700 espèces marines sont menacées d’extinction, l’Unoc 3 pourrait bien être le tournant attendu pour sauver l’océan.