Par une plume concernée
Vers une Calédonie d’importateurs et de caristes ?
La Réunion perd Coca-Cola : un cas d’école pour la Calédonie
C’est une information qui a secoué l’économie réunionnaise. Coca-Cola, via les Brasseries de Bourbon, a annoncé la fin de sa production locale d’ici 2026. L’enseigne phare du soda ne sera plus fabriquée sur l’île, mais importée, notamment depuis l’île Maurice ou l’Afrique du Sud. Officiellement, il s’agit d’un choix stratégique d’optimisation à l’échelle régionale. Mais les conséquences locales sont lourdes : suppression d’emplois, dépendance accrue aux flux maritimes, sentiment d’abandon.
En filigrane, ce désengagement illustre un modèle de société où l’on ne produit plus rien sur place, et où tout repose sur l’importation. Moins d’industrie, moins de circuits courts, moins de maîtrise économique. La Réunion n’est pas un cas isolé. Ce qui s’y passe aujourd’hui pourrait très bien ressembler à ce que traverse déjà la Nouvelle-Calédonie, et ce qui pourrait empirer demain.
Et nous ? Et si c’était le projet ?
À force de taper sur les industriels, de fragiliser l’agriculture, de décourager l’investissement dans la production locale, la Nouvelle-Calédonie se retrouve sur une pente glissante. Les usines de nickel tournent au ralenti, la filière agricole est en souffrance, le tourisme peine à se relancer. Résultat : ce sont les conteneurs qui remplissent les rayons, pas l’économie locale.
Alors, on s’interroge. Et si c’était exactement ce qu’on cherchait à faire ? Inconsciemment ou non. Affaiblir la production pour mieux laisser le champ libre aux grands importateurs et distributeurs. Enfoncer les usines pour imposer un modèle basé uniquement sur l’extraction brute. Déraciner les filières de savoir-faire pour transformer les jeunes en simples rouages d’un système consumériste : conducteurs de camions sur mines, caristes pour décharger les conteneurs, merchandiseurs pour remplir les étals des grandes surfaces.
Un projet pour la jeunesse ? Ou un renoncement maquillé en pragmatisme ?
Une économie sans industrie, une jeunesse sans avenir
Le cas de la Réunion avec Coca-Cola, c’est la bande-annonce. Mais en Nouvelle-Calédonie, le film a déjà commencé. La production locale recule, la valeur ajoutée quitte le territoire, et les emplois qualifiés s’évaporent. Face à cela, les voix sont rares pour défendre une vision industrielle ambitieuse, résiliente et adaptée à notre réalité insulaire.
À quoi ressemblera demain ? Un territoire où l’on importe tout, même l’eau et les légumes ? Où l’on travaille non plus à créer mais à empiler ? Une jeunesse sans perspective, si ce n’est être cariste, merchandiseur, ou fonctionnaire… à condition qu’il en reste ?
Dans ce modèle, les gagnants sont peu nombreux, mais bien identifiés. Et les perdants se comptent par milliers. Peut-on encore redresser la barre ? Oui. Mais à condition de se poser la vraie question : à qui profite vraiment l’effondrement de la production locale ?