Philippe Blaise dénonce les récits déformés sur les violences du 13 mai 2024. Un plaidoyer contre la désinformation et pour une Calédonie métissée.
Une prise de parole offensive face à la “propagande”
Dans une allocution vidéo publiée sur ses réseaux sociaux, Philippe Blaise a livré un message sans détour. Objectif : réfuter les récits qu’il juge mensongers sur les événements du 13 mai 2024 et rétablir, selon lui, la vérité sur la situation du territoire.
Il était important de rétablir certaines vérités sur ce qui s’est passé il y a un an en Calédonie
annonce-t-il en ouverture, dénonçant
une très forte campagne de propagande portée par des élus d’extrême gauche, notamment de LFI mais aussi par certains universitaires et des puissances étrangères comme le Bakou Initiative Group, financé par l’Azerbaïdjan
Le 13 mai : “une tentative de coup d’État qui a échoué”
Pour Philippe Blaise, il ne fait aucun doute : les violences du 13 mai ne relèvent ni d’un soulèvement populaire, ni d’une révolte sociale.
Ce que nous avons vécu, c’est une violence organisée, préméditée, orchestrée depuis la fin du dernier référendum.
Il accuse des cadres militants indépendantistes d’avoir manipulé une jeunesse fragile, en leur fournissant « de l’argent, de l’alcool et des consignes » pour incendier, piller, attaquer. Le bilan évoqué est lourd : 800 entreprises pillées ou brûlées, des écoles, des pharmacies, des habitations, et même des victimes indirectes par stress.
Le 13 mai a été une tentative de coup d’État. Et elle a échoué grâce aux citoyens qui ont tenu les quartiers en attendant les renforts.
La Calédonie comparée à l’Afrique du Sud ? “Un mensonge insultant”
Deuxième point de rupture dans l’intervention : la dénonciation d’un parallèle répété entre la situation calédonienne et l’apartheid sud-africain. Un parallèle jugé “scandaleux” et “mensonger”.
L’Afrique du Sud, c’est 10 % de Blancs qui vivent séparés. En Calédonie, c’est exactement l’inverse : notre histoire, c’est celle du métissage.
Philippe Blaise rappelle alors son propre parcours familial, ancré dans le brassage multiculturel de l’archipel :
Mon arrière-arrière-grand-père était un Kabyle musulman déporté d’Algérie. Ma famille compte des métissages indonésiens, vietnamiens, wallisiens.
Il insiste : la société calédonienne est composite, plurielle, et loin du récit racialisé véhiculé selon lui par une partie des élites intellectuelles métropolitaines.
“Nous devons dire ce qu’est la réalité calédonienne”
Ce plaidoyer prend une tournure presque militante lorsque Philippe Blaise appelle les Calédoniens à prendre la parole, en France comme à l’international, pour rétablir leur propre récit :
Si nous laissons nos adversaires continuer à mentir, c’est une profonde injustice.
Pour lui, la Nouvelle-Calédonie est constituée de deux grandes composantes : d’un côté la population kanak, héritière d’un peuple premier et d’une structure tribale ; de l’autre, les descendants de bagnards, de colons, mais aussi des communautés venues d’ailleurs – Polynésiens, Asiatiques, Wallisiens – qui incarnent cette “France d’outre-mer métissée” dont il se revendique fièrement.
Une lecture tranchée, entre dénonciation et fierté
Cette intervention, très politique et assumée, s’inscrit dans un contexte de recomposition du débat calédonien, où la bataille des récits occupe une place centrale. Philippe Blaise oppose clairement deux visions : celle, selon lui, de la victimisation idéologique portée par l’extrême gauche et des relais internationaux, et celle d’un peuple calédonien pluriel, debout, et refusant la caricature d’un système colonial oppresseur.
Nous devons, nous les Calédoniens, affirmer la vérité sur ce que nous sommes, sur ce que nous avons vécu.
Une bataille de récits qui ne fait que commencer
En prenant la parole ainsi, Philippe Blaise pose les termes d’un affrontement frontal : entre ceux qui décrivent les émeutes comme l’expression d’un désespoir social ou d’une oppression coloniale, et ceux qui y voient une entreprise insurrectionnelle niant le verdict démocratique des référendums.
La Nouvelle-Calédonie, plus que jamais, semble divisée non seulement sur l’avenir politique, mais aussi sur le récit du présent.