Les tractations du groupe mélanésien patinent, offrant à la Chine un boulevard stratégique.
Un projet commun paralysé, la Chine aux aguets
Le Groupe mélanésien du Fer de lance, qui réunit les Fidji, Vanuatu, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et les Îles Salomon, devait adopter une stratégie de sécurité régionale. Mais la réunion des dirigeants à Fidji s’est soldée par un nouveau report, faute d’accord.
Le ministre papou Justin Tkatchenko a confirmé que les divergences internes – notamment sur Taïwan et les alliances internationales – avaient bloqué le consensus.
Or, dans ce vide, la Chine s’infiltre, cultivant des liens étroits avec Vanuatu et les Îles Salomon. Pékin finance même le siège du groupe à Port-Vila. De quoi inquiéter Canberra et Washington, qui redoutent une influence chinoise croissante dans la région.
Le Pacifique, nouveau théâtre de la rivalité Chine-USA
Alors que le Forum des îles du Pacifique refuse toute alliance sécuritaire avec la Chine, préférant une autonomie stratégique régionale, plusieurs nations mélanésiennes prennent un chemin inverse.
Les Îles Salomon ont renforcé leur coopération policière avec Pékin. À l’inverse, la Papouasie-Nouvelle-Guinée a signé des accords de défense avec les États-Unis et l’Australie, et les Fidji avec Canberra.
C’est dans ce contexte tendu que l’Australie a doublé son budget de surveillance maritime, atteignant 477 millions de dollars australiens, pour contrer la pêche illégale chinoise.
En mai, la Chine a exposé ses capacités de garde-côtes à une dizaine de ministres pacifiques, provoquant un certain malaise régional.
L’Australie contre-attaque, mais sans adhésion unanime
Pat Conroy, ministre australien du Pacifique, était présent à Fidji, face à l’ambassadeur chinois Zhou Jian. Objectif : réaffirmer l’engagement australien dans la région.
L’Australie reste, selon Conroy, le premier partenaire commercial de chaque pays du groupe mélanésien. Elle s’apprête à livrer 60 véhicules de police, un soutien en cybersécurité et des projets routiers aux Îles Salomon, qui accueilleront le prochain Forum des îles du Pacifique.
Mais malgré une proposition d’aide de 100 millions de dollars australiens, les autorités salomonaises n’ont toujours pas répondu.
Conroy a été clair : « La Chine n’a pas sa place dans le maintien de l’ordre du Pacifique ». Pourtant, les Salomon affirment vouloir solliciter leurs voisins mélanésiens en cas de besoin sécuritaire.