La dernière sortie de Jean-Luc Mélenchon sur la langue française fait polémique. Et ce n’est pas un malentendu : le chef des Insoumis propose bien de remplacer l’expression « langue française » par « langue créole commune ». Une provocation linguistique que sa fidèle alliée Sophia Chikirou a défendue avec aplomb à l’Assemblée nationale.
Une proposition qui sonne comme une provocation
Jean-Luc Mélenchon a le verbe haut et le symbole facile. Cette fois, il propose carrément de ne plus dire « langue française », mais « langue créole ». Sophia Chikirou, fidèle parmi les fidèles, y voit « une fierté » : selon elle, le français serait une langue vivante, créolisée, un produit du métissage post-colonial.
Mais cette sémantique n’est pas neutre. Car derrière la pirouette verbale, se cache une volonté claire : détacher le français de la France, comme si sa beauté, sa structure, sa littérature ne pouvaient plus être assumées sous le mot « français ».
Le paradoxe de la dilution : Wamytan d’un côté, Mélenchon de l’autre
Ce qui frappe, c’est le parallèle inattendu avec un tout autre camp : Roch Wamytan, leader indépendantiste kanak, qui disait un jour :
Nous ne voulons pas que le peuple kanak soit dilué comme du sucre dans de l’eau.
Il dénonçait une assimilation trop rapide, une perte d’identité noyée dans la masse.
Eh bien ici, Jean-Luc Mélenchon fait exactement l’inverse : il prône la dilution, mais cette fois du peuple français lui-même. En renommant sa langue, il efface le socle. En parlant de « langue créole commune », il invite à une déconnexion assumée entre la langue et la nation qui l’a portée.
C’est un deux poids deux mesures idéologique flagrant : l’un crie au danger de la dilution, l’autre la célèbre. Mais dans les deux cas, la langue devient un champ de bataille identitaire. Or une langue n’a pas vocation à être ni une arme, ni une honte.
Le français, bien plus qu’un outil : un héritage
Le français, c’est l’héritage de Voltaire, Hugo, Senghor et Camus. C’est la langue des traités, des révolutions, des poèmes et des discours qui ont façonné le monde. C’est la langue de l’universalisme républicain, pas celle d’une identité confuse et éclatée.
Oui, la langue évolue. Oui, elle intègre. Oui, elle voyage. Mais elle ne se dissout pas. Et surtout, elle ne mérite pas d’être détachée de ce qui la rend forte : son enracinement dans une nation, dans une culture, dans une exigence de clarté et d’universalité.
Rebaptiser la langue française, ce n’est pas seulement jouer avec les mots. C’est affaiblir un repère commun, un pilier républicain, une source de fierté. Et cela n’a rien d’anodin à l’heure où tant de forces cherchent à déconstruire tout ce qui unit encore.