À la veille de son premier conseil national, Bruno Retailleau resserre les boulons d’un parti Les Républicains en pleine recomposition. Entre guerre de postes, héritage Wauquiez, départ fracassant d’Éric Ciotti et ambitions pour 2027, le nouveau patron cherche à remettre de l’ordre dans une maison fracturée et à relancer une droite à bout de souffle.
Une droite en reconstruction autour de Retailleau
Élu triomphalement à la tête des Républicains en mai 2025 avec plus de 74 % des voix, Bruno Retailleau s’impose comme le nouvel homme fort de la droite, bien décidé à relancer un parti en quête de cap et de crédibilité.
Le parti Les Républicains (LR) tient, ce samedi 28 juin, son premier conseil national depuis l’élection de Bruno Retailleau à sa tête. Objectif : relancer une droite affaiblie et clarifier sa ligne en vue du congrès de septembre. L’élu de Vendée poursuit la mise en place de son équipe dirigeante, entre règlements internes, équilibre des courants et préparation stratégique pour les échéances à venir.
Une équipe élargie entre fidélités et territoires
Dans les coulisses, la répartition des postes clés anime les discussions. Le locataire de la place Beauvau doit composer avec les poids lourds du parti et les soutiens de Laurent Wauquiez, possible candidat à la présidentielle de 2027. Quatre conseillers spéciaux ont déjà été désignés :
- Michèle Tabarot, députée et figure de l’aile conservatrice
- Arnaud Danjean, spécialiste des affaires européennes
- François Asselin, voix patronale issue des PME
- Alcide Ponga, président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie
Une ligne dure assumée : tolérance zéro et lutte contre l’entrisme islamiste
À la tête des Républicains, Bruno Retailleau s’affiche sans détour comme le porte-drapeau d’une droite de fermeté, refusant tout compromis idéologique. Son mot d’ordre : tolérance zéro. Sur l’islamisme et l’immigration, le ton est clair, tranchant, assumé. Il va jusqu’à proposer une nouvelle incrimination pénale contre l’« entrisme islamiste », ciblant les formes insidieuses de radicalisation dans les institutions.
En digne héritier du gaullisme d’ordre, il entend restaurer l’autorité républicaine là où elle vacille.
Ministre de l’Intérieur dans un gouvernement de coalition, le locataire de la place Beauvau affirme vouloir rester en poste pour renforcer la droite de l’intérieur, sans jamais se dissoudre dans le macronisme.
Il faut peser sans se renier
affirme-t-il dans une tentative risquée mais calculée d’exister sans se fondre. Une ligne d’équilibriste entre fermeté identitaire et jeu institutionnel.
Un chef de parti, mais surtout un homme de rassemblement
L’ancien président du groupe LR au Sénat ne se contente pas de jouer la carte sécuritaire. Il se rêve en ciment d’une droite éclatée, en pont entre les orphelins du gaullisme, les électeurs modérés et ceux tentés par l’extrême droite. Dans ses discours, il appelle à « rassembler au-delà de son camp », convaincu qu’une nouvelle majorité conservatrice est possible, si la droite sait s’unir sans se renier.
Ce repositionnement offensif porte ses fruits : entre février et avril 2025, le parti LR triple ses adhésions, passant de 44 000 à plus de 121 000 membres. Une embellie rare après des années de déclin, signe que la marque LR retrouve une attractivité, au moins sur le papier.
Sur le terrain, les scrutins locaux de 2024 et 2025 montrent un frémissement électoral : les Républicains regagnent du terrain lors de législatives partielles, signe d’un retour en grâce progressif au niveau local.
2027 dans le viseur, sans précipitation
Candidat en puissance, Bruno Retailleau refuse encore de se dévoiler, préférant mettre en scène la méthode plutôt que l’ambition personnelle. Il affirme que LR aura son candidat en 2027, mais met en garde contre toute précipitation. Son obsession : éviter les querelles intestines qui ont plombé la droite depuis 2017.
Il faut prioriser la cohésion plutôt que les trajectoires individuelles
martèle-t-il à ses troupes.
Dans un paysage politique fragmenté, Bruno Retailleau incarne désormais une droite de conviction, recentrée sur les fondamentaux régaliens, à la fois ultra-ferme sur les questions identitaires et stratégique dans ses alliances. Reste à savoir si cette nouvelle posture droitière et unitaire suffira à transformer l’élan en dynamique électorale d’ampleur d’ici à 2027.
L’équipe dirigeante des Républicains en 2025
Président
Bruno Retailleau – élu président du parti le 18 mai 2025, succède à Éric Ciotti
Vice-président délégué
François‑Xavier Bellamy – nommé fin mai 2025, chargé des relations avec le Parlement européen et la direction idéologique. Député européen
Secrétaire général
Othman Nasrou – nommé le 22 mai 2025, ancien Secrétaire d’État, vice-président de la région Île-de-France
Secrétaires généraux adjoints (nominés le 22 mai 2025) :
- Kristell Niasme, Maire de Villeneuve-Saint-Georges
- Justine Gruet, vice-présidente du groupe Droite Républicaine à l’Assemblée nationale
- Nicolas Daragon, ancien ministre, maire de Valence
- Béatrice de Montille, conseillère municipale de la ville de Lyon
- Pierre‑Henri Dumont, ancien député, maire adjoint de Marck
Porte-parole
Agnès Evren, sénatrice de Paris, nommée porte-parole nationale
Porte-paroles adjoints :
- Alexandra Borchio-Fontimp, sénatrice des Alpes-Maritimes
- Jonas Haddad, vice-président de la région Normandie
Trésorier national
Pierre Danon – élu le 22 mai 2025, remplace Daniel Fasquelle
Président du Conseil national
Michel Barnier, ancien Premier ministre
Présidente de la Commission nationale d’investiture
Annie Genevard, ministre de l’Agriculture