À force de multiplier les allusions, Teddy Riner n’amuse plus seulement la galerie : il intrigue, il interroge et, désormais, il inquiète certains poids lourds de la politique. Le quintuple champion olympique, encore auréolé de son triomphe aux JO de Paris, affiche un potentiel électoral inattendu. Selon un sondage Harris Interactive, près d’un Français sur cinq se dit prêt à voter pour lui. Une percée spectaculaire, surtout dans un paysage politique en quête de figures neuves et crédibles.
Sondages 2027 : un paysage instable, des électeurs en quête de rupture
À moins de deux ans de l’échéance, les sondages confirment la domination du Rassemblement national, l’essoufflement du macronisme et l’émiettement de la gauche. Mais derrière ce triptyque, une attente sourde monte dans l’opinion : celle d’un renouveau hors des partis traditionnels. La percée surprise de Teddy Riner en témoigne. Dans une France fracturée et volatile, rien n’est figé : tout peut encore basculer.
Un potentiel électoral inattendu
Et si Teddy Riner entrait sur le tatami de l’Élysée ? Le quintuple champion olympique de judo, âgé de 36 ans, a soufflé le chaud et le froid ces dernières semaines sur une possible entrée en politique. Entre traits d’humour et déclarations plus affirmées, le Guadeloupéen a laissé entendre que seule la présidence de la République pourrait l’intéresser. Un scénario encore flou, mais que certains électeurs prennent au sérieux.
D’après une enquête Harris Interactive pour CommStrat et L’Opinion, publiée ce jeudi, 18 % des Français se disent prêts à voter pour lui si l’élection présidentielle avait lieu ce dimanche. Un score qui dépasse ceux de Jean-Luc Mélenchon et de Laurent Wauquiez (16 % chacun), et talonne même François Hollande (19 %). Plus étonnant encore : le judoka devance Bernard Cazeneuve et fait jeu égal avec Éric Zemmour, deux figures bien plus ancrées dans le paysage politique.
La gauche séduite, la droite dubitative
Derrière les locomotives du Rassemblement national, Jordan Bardella (39 %) et Marine Le Pen (38 %), T. Riner se hisse parmi les outsiders les plus crédibles. Mais c’est surtout à gauche qu’il perce, attirant une forte adhésion chez les sympathisants de La France insoumise. En revanche, les électeurs des Républicains et du RN ne le citent pas dans leur Top 10.
Cette polarisation s’explique aussi par certaines de ses prises de position récentes. Après les incidents survenus lors de la victoire du PSG en Ligue des champions, il avait déclaré avec ironie : « Et pourquoi vous ne dites pas “Est-ce que vous, président ?” » avant de préciser, plus sérieusement : « Ça ne se serait certainement pas passé comme ça. La sécurité serait une priorité. »
Du tatami à la République ?
Lors de son retour triomphal en Guadeloupe après les JO de Paris 2024, Teddy Riner avait brandit un drapeau indépendantiste — un geste remarqué, qui avait déjà suscité le débat sur ses convictions politiques. Bien qu’il ait affirmé que la politique ne l’attirait « pas du tout », ses propos laissent une porte entrouverte : « Si demain j’ai envie de me lancer, alors je ferai ce qu’il faut. »
Pour l’heure, l’athlète, toujours absent des tatamis depuis ses deux médailles d’or l’été dernier, n’a pas repris la compétition en individuel. Mais, dans l’arène politique, son nom commence déjà à peser.
Présidentielle 2027 : ces outsiders qui veulent bousculer le jeu
À deux ans du scrutin, plusieurs figures inattendues affûtent leurs ambitions. Teddy Riner séduit au-delà des clivages, un général incarne le retour à l’ordre, et des intellectuels comme Natacha Polony ou des entrepreneurs discrets rêvent de rupture avec les partis traditionnels. Tous misent sur le rejet croissant du système pour exister face aux poids lourds. Encore marginaux, ces outsiders pourraient troubler le jeu s’ils incarnent une alternative crédible au duel annoncé entre droite dure et macronisme affaibli.
À mesure que son nom circule, Teddy Riner brouille les lignes et électrise le débat. Ce qui ressemblait à une boutade devient un signal politique. Dans une Ve République en panne de confiance, le judoka incarne à la fois la force tranquille et l’aspiration au renouvellement. Reste à savoir s’il franchira le pas — ou s’il continuera, pour un temps encore, à faire peser sa simple silhouette comme une menace silencieuse pour l’ordre établi.