TRIBUNE. Alors que les électeurs de droite soutiennent l’union, la députée européenne Reconquête presse les responsables politiques de surmonter leurs divisions pour construire une alternative.
Pas une réunion publique sans qu’on nous le demande. Pas une discussion qui ne se termine par cette question lancinante : « Quand allez-vous vous allier ? » Aujourd’hui, les chiffres tombent dans votre journal : 74 % des électeurs de droite sont favorables à l’union des droites. Les électeurs du RN la veulent à 78 % : Marine Le Pen et Jordan Bardella la leur refusent encore. Les électeurs de LR la veulent à 68 % : Bruno Retailleau la leur refuse encore. Le peuple, lui, a conscience de l’urgence de la situation.
Chez Reconquête, ce n’est pas une surprise. Nos électeurs y sont les plus favorables de tous (95 %). Éric Zemmour a fait de ce thème un axe majeur, non seulement lors de sa campagne de 2022, mais seul contre tous depuis plus de vingt ans à la télévision. Éric Ciotti l’a tentée courageusement en 2024.
Les vertus de la concurrence
Nous avons compris que personne ne pouvait gagner seul, pas même les plus forts du moment. Sinon, le risque est grand de voir prolonger le désastre actuel : une coalition centriste minoritaire, c’est-à-dire exactement le contraire de ce qu’exige le salut public.
Bien sûr, la démocratie veut que plusieurs candidats s’affrontent au premier tour. Le parti unique, c’est la dictature. Les lignes sont multiples, les électeurs doivent avoir le choix et, en politique comme en économie, il faut reconnaître les vertus de la concurrence. La présidentielle française a toujours un énorme pouvoir révolutionnaire : elle est l’occasion de choisir sur le fond, sans se soucier uniquement des sondages et de « qui est le mieux placé ». Ce sont des positions qui ne durent pas éternellement. Partout en Europe, les droites qui s’unissent gagnent.
Il y a aujourd’hui trois principales lignes à droite : LR, RN et Reconquête. À nous trois, nous pesons plus de 53 % de l’électorat au premier tour. C’est donc mathématique : quelle que soit l’hypothèse, et même en défendant chacun sa ligne au premier tour, nous aurons bien un candidat de droite au second tour. La seule question à se poser est donc : quelle ligne parmi les trois pour représenter au mieux mes idées et rassembler toutes les autres au second tour ?
Il faut s’engager à tendre la main aux autres forces politiques, dès le lendemain de l’élection présidentielle
Bien sûr, l’union des droites n’implique pas de se dissoudre, de se résigner à des compromissions, ni de nier les différences évidentes entre personnalités de droite. Bien sûr, nous ne partageons pas les réflexes économiques de gauche du Rassemblement national, ni les réflexes politiciens centristes des Républicains. Et pourtant, nous devons nous engager sur deux principes clairs : le premier, c’est d’appeler à voter pour le plus à droite au second tour. Si on n’est pas capable de faire cela, ce n’est pas la peine de parler d’autre chose. Chez Reconquête, nous l’avons fait en 2022 et en 2024. Dieu sait que les mots avaient été durs de part et d’autre, mais nous avons su enterrer la hache de guerre et faire notre devoir de patriote. Nous comptons bien, cette fois, être au second tour et être soutenus par les autres, mais nous le referions sans hésiter. Il est regrettable que les appels à l’unité aient trop souvent manqué au second tour des précédentes présidentielles. Tournons la page. Engageons-nous.
Il faut enfin s’engager à tendre la main aux autres forces politiques, dès le lendemain de l’élection présidentielle. Il faudra une alliance législative en bonne et due forme, un accord de gouvernement et un programme commun : la gauche, qui s’entretue à chaque scrutin, arrive parfaitement à s’allier dès le lendemain et à rafler de précieuses circonscriptions. Pourquoi serions-nous condamnés à avoir la droite la plus bête du monde ? Si demain, nous sommes en position de force à droite, nous continuerons de tendre la main. Nous ne dirons jamais :
Nous sommes assez forts, nous n’avons pas besoin de vous.
Sarah Knafo, députée européenne Reconquête. © DR