Un procès attendu, un jugement lourd
Après plusieurs années de procédure, le tribunal correctionnel de Nouméa a rendu son jugement dans l’affaire des emplois fictifs au sein de la province Sud entre 2014 et 2018. Les anciens dirigeants du mouvement Calédonie ensemble, Philippe Gomès et Philippe Michel, ont été reconnus coupables de détournement de fonds publics.
Les faits concernent le recrutement de 44 chefs coutumiers rémunérés par la province sans preuve de travail effectif. Le parquet a qualifié cette pratique de système organisé à des fins électoralistes, centré sur la communauté wallisienne et futunienne, et destiné à renforcer l’influence politique du parti.
Malgré leurs dénégations, les deux hommes politiques ont été condamnés, et la justice a estimé que le délit de détournement était constitué.
Les peines : prison, amendes et inéligibilité
🔹 Philippe Gomès a été condamné à 4 ans de prison, dont 2 ans avec sursis simple. La peine ferme sera aménagée ab initio sous forme de bracelet électronique à domicile. Il devra également verser une amende de 5 millions de francs CFP, et sera inéligible pendant 5 ans, avec exécution provisoire.
🔹 Philippe Michel écope de 3 ans d’emprisonnement, dont 2 ans avec sursis, assortis là aussi d’un bracelet électronique pendant la durée ferme. Il devra payer une amende de 4 millions de francs CFP, et subit également une interdiction de se présenter à une élection pendant 5 ans, même en cas d’appel, en raison de l’exécution provisoire.
Une affaire aux répercussions politiques profondes
Cette décision judiciaire marque un tournant dans la vie politique calédonienne. Elle concerne des personnalités de premier plan ayant dirigé la province Sud pendant plusieurs années.
Le jugement s’appuie sur l’absence de liens hiérarchiques, d’activités effectives, et sur le caractère électoraliste des recrutements. Le tribunal a suivi les réquisitions du parquet, qui avait souligné l’existence d’un “réseau clientéliste structuré”, incompatible avec les règles de la fonction publique.
Avec cette condamnation, les deux figures de Calédonie ensemble voient leur avenir politique sérieusement compromis. Les peines d’inéligibilité, exécutoires immédiatement, les empêchent de se représenter aux prochaines élections.