Ce mercredi 2 juillet à 15 heures, Emmanuel Macron ouvre un sommet stratégique sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. Plus d’un an après les émeutes et après l’échec du conclave de Deva en mai dernier, l’État réunit à Paris les délégations politiques pour tenter de relancer un dialogue interrompu depuis des mois. Négociations politiques, discussions économiques, format inédit : l’exécutif joue une partie serrée pour éviter l’enlisement.
Un huis clos diplomatique sous haute tension
Le suspense entourant le format et le calendrier précis du sommet sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie a finalement pris fin dans la nuit. Alors que les spéculations allaient bon train sur la nature des échanges à venir, l’Élysée a officialisé un programme précis. Le sommet s’ouvrira ce mercredi 2 juillet à 15h (minuit à Nouméa) par le président de la République lui-même, dans un contexte de crise politique aiguë et de rupture institutionnelle persistante dans l’archipel.
Première séquence visible de ce rendez-vous hors norme : une réception républicaine dans la salle des fêtes de l’Élysée, censée permettre des premiers échanges informels entre les groupes politiques calédoniens et les représentants de l’État. Mais c’est bien en coulisses que se jouera l’essentiel. Les délégations seront hébergées au Hilton de Bougival, à l’ouest de Paris, où débuteront les négociations politiques dès mercredi 2 juillet à 21h, sans échéance fixée à ce stade. Pour l’anecdote, c’est aussi dans cette commune huppée de l’ouest parisien que le célèbre footballeur Neymar Jr s’est installé en 2017, lors de son arrivée au Paris Saint-Germain. Le cadre est posé pour des discussions marathon, à huis clos, dans un climat de défiance, marqué par la révolte de mai et les fractures persistantes entre indépendantistes et loyalistes.
Un second front : le Collège économique et sociétal
Pendant que les négociations politiques s’installent dans la durée, l’État mise sur une dynamique parallèle : un collège économique et sociétal, convoqué du jeudi 3 juillet au matin jusqu’au vendredi 4 juillet à midi au ministère des Outre-Mer, rue Oudinot. Cette instance regroupera les partenaires économiques, institutionnels, et associatifs, ainsi que les forces vives de la société civile. Le ministre des Outre-Mer ouvrira les travaux jeudi à 8h, en présence, dans un premier temps, des représentants politiques avant qu’ils ne retournent à Bougival pour y poursuivre les tractations.
Ce collège, pensé comme une chambre de réflexion collective, s’articulera autour de quatre priorités :
La consolidation des finances publiques et les réformes structurelles,
Le dossier stratégique du nickel,
La diversification économique au-delà de la dépendance à la rente minière,
Et enfin, la question transversale du projet de société calédonien à long terme.
Les discussions se dérouleront en format hybride, avec une visio permanente reliée au Haut-Commissariat à Nouméa, pour inclure les acteurs économiques restés sur le territoire. Cette configuration témoigne de la volonté de ne pas cantonner le débat à Paris, tout en gardant le pilotage entre les mains du ministère des Outre-Mer, en chef d’orchestre méthodique de ces échanges techniques.
Une fin sans date et des négociations sans filet
Si le Collège économique et sociétal est censé s’achever vendredi à midi, les négociations politiques, elles, reprendront immédiatement pour une nouvelle séquence intense : vendredi après-midi, puis samedi 5 juillet de 8h à 13h, avant une possible reprise dimanche 6 juillet, sans limite annoncée. Ce découpage progressif, par blocs de travail, illustre une approche segmentée du sommet, où chaque groupe joue sa partition sur le terrain qui lui est assigné.
Mais derrière cette architecture maîtrisée, les incertitudes demeurent : aucune date de clôture n’a été fixée, aucun communiqué de méthode ne précise les règles de validation ou de rejet des propositions. En l’état, ce sommet s’apparente à un processus ouvert, où le pouvoir central cherche à canaliser les tensions tout en testant la capacité des acteurs à dialoguer de nouveau.
Ce rendez-vous parisien ne débouchera pas forcément sur un accord politique global, mais il doit fixer un nouveau cadre. Entre bilan du passé, clarification des positions et projection dans l’après-accord de Nouméa, l’État tente une relance du dialogue sans filets ni certitudes. Une configuration inédite, à mi-chemin entre conclave et conférence de refondation.