Alors que la Nouvelle-Calédonie traverse une période charnière, La Dépêche de Nouméa dévoile les résultats d’un sondage inédit sur les priorités, les inquiétudes économiques et la vision des Calédoniens pour l’avenir de leur territoire. Cette enquête dresse un état des lieux sans concession de l’opinion publique.
La moitié des Calédoniens fait face à des difficultés financières
Face à un avenir institutionnel toujours incertain, ce sondage éclaire la réalité économique : un Calédonien sur deux (50%) dit éprouver des difficultés ou se trouve en grande difficulté pour boucler ses fins de mois. Rapporté à environ 108 000 ménages sur l’ensemble du territoire (estimation ISEE), cela représenterait potentiellement 54 000 familles concernées dont près de 8 000 qui ne s’en sortent plus. Cette précarité est homogène dans tout le pays.
Les sujets du quotidien passent avant les grands débats institutionnels
Santé, pouvoir d’achat, insécurité : les priorités du quotidien s’imposent largement. Chez les personnes de statut civil coutumier, 56% placent le quotidien en tête et seulement 17% l’avenir institutionnel. Pour les électeurs du « non » à l’indépendance, 52% mettent le quotidien en premier, loin devant l’avenir institutionnel (39%).
Le débat sur l’avenir change de priorité
Près de la moitié des répondants (47%) souhaitent ouvrir les négociations institutionnelles immédiatement. Mais derrière cette moyenne, les positions divergent : les partisans du « non » à l’indépendance veulent négocier sans délai (53%), tandis qu’une partie de ceux qui ont voté oui à l’indépendance en 2020 (47%) se disent opposés à une indépendance immédiate et préfèrent un redressement économique avant toute transition. Un chiffre qui monte à 57% chez les personnes de statut coutumier.
En cas d’indépendance immédiate : une majorité redoute une situation intenable
Une majorité (53%) estime que leur situation et celle de leur famille se détérioreraient, voire deviendraient insoutenables en cas d’indépendance immédiate. Tandis qu’une partie des indépendantistes (28%) pensent que leur situation serait moins bonne ou insupportable en cas d’indépendance immédiate et qu’il faut reconstruire avant de franchir le pas.
70% des indépendantistes pensent que la Calédonie indépendante pourra assurer la sécurité et les services publics, tout en souhaitant du temps pour redresser le pays. Cela montre un paradoxe et une déconnexion entre l’économie et ces services, souvent perçus comme gratuits, sans mesurer leur coût réel.
Cette étude met en lumière l’un des paradoxes du débat calédonien : bien qu’une partie de la population reste attachée au principe d’émancipation, la priorité réelle pour une grande majorité – y compris parmi les indépendantistes – est aujourd’hui tournée vers la stabilité économique et la préservation du quotidien. L’idée d’une indépendance immédiate est donc relativisée par le souci de maintenir les services publics essentiels et le niveau de vie. Une information clé pour comprendre que la négociation institutionnelle ne peut être dissociée des réalités budgétaires et sociales actuelles.
Sondage réalisé par l’institut Quid Novi du 13 au 20 juin 2025 auprès de 847 calédoniens inscrits sur les listes électorales. Echantillon stratifié par zone. Quotas gérés au sein de chaque zone. Redressement selon les résultats du 2è référendum 2020, en tenant compte des différents corps électoraux. Sondage dispensé de notice technique après avis de la commission nationale des sondages.