Les auditeurs d’Océane FM n’ont pas mâché leurs mots en ce 1er juillet. Du prix du frigo à la souveraineté de la Nouvelle-Calédonie, en passant par la dépendance aux téléphones et les dérives du système de santé, chaque intervention dessine les contours d’un territoire en tension, où la parole populaire cherche encore à peser.
Crise politique et avenir institutionnel : l’épuisement d’un peuple désabusé
La question du statut politique de la Nouvelle-Calédonie reste au cœur des inquiétudes des auditeurs. Le débat autour du projet Valls, de l’indépendance et des responsabilités de l’État a déclenché des prises de parole passionnées, souvent critiques à l’égard de la classe politique, toutes tendances confondues.
« Nos têtes pensantes du gouvernement ont gelé les avancements des fonctionnaires, mais eux, ils gardent leurs indemnités ! Qu’ils commencent par leur dignité ! »
« L’État prête à la Calédonie mais donne à l’Ukraine. Nous, on est Français ou pas ? »
Derrière la colère, c’est une lassitude profonde qui s’exprime, face à un processus institutionnel sans fin, ressenti comme une mascarade. Un auditeur résume :
« On ne veut plus des négociations qui font l’aller-retour entre Paris et Nouméa. Qu’ils trouvent une solution définitive, et qu’on avance ! »
Santé et maltraitance administrative : l’épreuve des malades
La santé a fait l’objet de plusieurs témoignages indignés, dénonçant une bureaucratie déshumanisée et des restrictions injustifiées dans les établissements médicaux.
J’ai reçu un appel de la boîte d’analyses : “venez avant 16 h sinon ça part au contentieux”… Je suis tombée des nues !
On n’a plus le droit de voir nos malades au Médipôle ! Même pour les naissances, les visites sont interdites.
Si une soignante a tenu à rappeler qu’une épidémie de coqueluche justifiait certaines mesures de précaution, un autre auditeur s’est insurgé :
L’hôpital, c’est pas une kermesse ! Entre les nattes, les casse-croûtes et les gens sous… y’a plus de respect.
Téléphones, écrans et dépendances modernes
Le rapport à la technologie et notamment au téléphone portable a suscité un échange à la fois amusé et lucide. Nombreux sont ceux qui ont reconnu leur dépendance.
Aujourd’hui, on vit plus avec son téléphone qu’avec sa femme.
On passe à côté de vrais moments avec nos enfants… on est à côté d’eux, mais on est sur TikTok.
Un autre auditeur s’est montré plus ironique :
Maintenant même pour cuisiner, on demande à ChatGPT. Avant, on appelait Mamie !
Vie chère, taxes et colère fiscale
La TGC, l’écoparticipation, le coût des crédits : les appels sur la vie chère ont été nombreux, accusant un système fiscal injuste et opaque.
J’ai acheté un frigo à 43 000 francs. À la caisse, on m’annonce 12 700 francs de TGC en plus !
On paye la TGC même sur les traites mensuelles d’un crédit auto. C’est une double peine.
Une auditrice a résumé la situation :
L’État ne donne pas, il prête. Et pour rembourser, ils mettent des taxes partout, pendant que les élus ne baissent pas leurs salaires.
Vols, incivilités et impunité quotidienne
De la chasse au crabe aux vols de filets de pêche ou de récoltes agricoles, plusieurs auditeurs ont dénoncé l’impunité de certains comportements.
Je vends des bananes à 250 francs le kilo et personne ne s’arrête. Après, ça râle parce que Tina les revend à 600.
Les mecs piquent les nasses à crabes des autres comme si c’était normal. Ça enlève la nourriture de la bouche de nos enfants.
Une auditrice ajoute :
Ma fille, elle vit de la pêche. Elle se lève à 4 h, et quand elle arrive, y’a plus rien. Tout a été volé.
Identité, respect et cohabitation
Les échanges sur l’indépendance ont rapidement glissé vers la question du vivre-ensemble. Certains ont revendiqué la pleine souveraineté kanak. D’autres ont mis en garde contre toute forme de hiérarchisation ethnique.
Il faut que tous les Calédoniens s’abaissent devant le peuple premier.
Le respect, il est pour tout le monde. Je m’abaisserai devant quelqu’un qui me respecte.
Enfin, une parole salutaire :
On est tous là. Wallisiens, Kanak, Tahitiens, Asiatiques… Il faut arrêter de se bouffer entre nous.
L’émission de ce mardi 1er juillet a exposé une Calédonie à fleur de peau. Entre détresse sociale, désillusion politique, perte de repères culturels et repli individuel, les auditeurs ont livré un miroir sans filtre de la société calédonienne. Un miroir inquiet, mais encore vivant.