Un président offensif, ferme et maître du dossier calédonien
Emmanuel Macron a pris la main. Ce sommet calédonien à l’Élysée, il l’a ouvert avec gravité, autorité et engagement. Très investi, le Président de la République a longuement posé les bases du débat, rappelant le chemin politique parcouru depuis les accords de Matignon et de Nouméa. Il a insisté : l’heure est venue de reconstruire.
En ouvrant les discussions, il a cadré les enjeux sans esquiver les responsabilités, assumant un rôle de garant de l’avenir calédonien dans un cadre républicain. Un cap clair, une méthode assumée : « Ce sommet, c’est pour trouver ensemble une solution. » L’objectif est posé : dépasser les blocages, rassembler sans imposer, bâtir une issue partagée.
Ce ton offensif tranche avec les silences passés. Le Président veut aller au fond du problème. Il a pris le risque de s’exposer, d’intervenir directement, comme aucun chef de l’État ne l’avait fait depuis 1983. C’est un changement de méthode, mais aussi un signal : la situation est grave, il faut agir.
Nouvelle-Calédonie : « Sans la France, il n’y a pas de salut »
Le président a été d’une rare franchise sur la situation actuelle du territoire. Il a dit les choses, sans détour : la Nouvelle-Calédonie ne peut s’en sortir seule.
Sur l’économie, sur les finances publiques, sur le système social, et sur le nickel, le besoin de la France est total. Il l’a martelé avec fermeté :
Sans le soutien de la République, il n’y a pas de salut pour la Nouvelle-Calédonie.
Un constat dur, mais lucide.
Cette vérité, certains refusent de l’entendre. Pourtant, les événements du 13 mai ont brutalement rappelé la fragilité du modèle local. La résilience calédonienne ne se fera pas dans l’isolement ni dans l’idéologie. Elle passe par une refondation nationale, assumée, partagée, construite dans la durée.
Le Président a ainsi voulu sortir des faux-semblants, repolitiser le débat calédonien autour des réalités concrètes, loin des postures. La France n’est pas un obstacle à l’émancipation, elle est la condition de la reconstruction.
Transition de 20 ans, nickel, Chine : un discours géopolitique assumé
Deux grandes idées structurent le cadre posé par le chef de l’État :
- Une période de transition et de reconstruction d’au moins 20 ans, pour permettre à la Nouvelle-Calédonie de se relever pleinement des violences et de la crise économique et institutionnelle.
- Un avenir à construire ensemble, sans statut prédéfini. Macron laisse la porte ouverte à toutes les options, y compris « une forme d’association », mais insiste : la solution devra être décidée entre Calédoniens.
Mais c’est surtout son discours géopolitique qui a marqué les esprits. Emmanuel Macron a rappelé que les précédents accords avaient été signés dans un autre monde :
- Pas de Chine prédatrice,
- Pas de guerre d’influence USA-Pékin dans le Pacifique,
- Un nickel qui rapportait, au lieu de coûter.
Aujourd’hui, le Pacifique est une zone sous tension. Après le sommet France-Océanie, le Président l’affirme : les États de la région sont indépendants sur le papier, mais sous influence permanente. Il interroge alors la réalité même de l’indépendance dans ce contexte mondial, affirmant que « la souveraineté sans moyens devient une illusion. »
Enfin, il a mis la nouvelle génération devant ses responsabilités : là où les anciens partageaient une rente, les actuels doivent construire face aux défis.
Il n’y aura pas de reprise sans vision, pas de vision sans vérité. Et cette vérité, c’est que la Nouvelle-Calédonie ne peut affronter seule le monde d’aujourd’hui.