Par une plume concernée
Alors que la Chine fait tonner sa flotte dans tout le Pacifique Sud, la France observe, impuissante, les braises calédoniennes couver sous ses pieds. À l’heure des grands discours sur la stabilité régionale et la multipolarité, un constat s’impose : la Nouvelle-Calédonie est devenue le point faible de la présence française dans l’Indo-Pacifique.
En mai 2024, les émeutes ont révélé au grand jour une fracture politique et identitaire majeure. Un an plus tard, rien n’a été résolu. Ni accord politique, ni reprise économique, ni légitimité restaurée. Dans cette impasse, l’État français, privé de visibilité sur son propre territoire, tente pourtant d’afficher une posture stratégique à l’échelle régionale.
Mais comment prétendre à l’équilibre pacifique quand l’un de ses piliers s’effondre ?
Pendant que Paris débat, Pékin agit
Le calendrier ne pardonne pas. En 2025, la marine chinoise dépasse les 370 navires de guerre. Ses bâtiments sillonnent désormais les eaux proches des Fidji, des Salomon, et même du Vanuatu. Des accords opaques sont signés avec les micro-États insulaires, pendant que les manœuvres autour de Taïwan se durcissent : 80 avions, 40 navires mobilisés lors du dernier exercice combiné.
La Chine teste les lignes rouges. Et pendant que Pékin avance ses pions, Paris réunit des délégations pour “dialoguer” sur la Nouvelle-Calédonie. Le 2 juillet 2025, Emmanuel Macron a lancé un nouveau cycle de discussions à l’Élysée avec l’ensemble des forces politiques calédoniennes. Un sommet sans agenda, sans calendrier, mais avec une promesse : “rester autour de la table aussi longtemps que nécessaire”.
Une phrase prudente… qui trahit surtout l’absence de solution.
L’Indo-Pacifique se militarise, la France se fragilise
Le Japon n’a pas attendu : doublement du budget militaire, missiles longue portée, dissuasion régionale. L’Australie réarme également, renforcée par le pacte AUKUS et l’appui américain. Partout, les démocraties du Pacifique se préparent à une décennie de tensions.
Et la France ? Elle mise sur ses “collectivités stratégiques”. Mais dans les faits, seule la Nouvelle-Calédonie offre un ancrage militaire significatif dans le Pacifique Sud. Si ce territoire vacille, c’est toute l’architecture régionale française qui s’effondre.
Le temps presse
Chaque semaine sans solution politique en Nouvelle-Calédonie est une victoire stratégique pour les puissances rivales. Chaque silence ou hésitation nourrit l’idée que la France n’a plus la main sur ses propres territoires.
Dans une région où l’affichage de puissance compte autant que la réalité militaire, l’instabilité calédonienne envoie un message clair : Paris n’est pas en ordre de bataille.
Il ne s’agit plus seulement d’une crise locale. Il s’agit de la crédibilité française face au basculement du monde.