Ce samedi 5 juillet marque un tournant symbolique et climatique : pour la première fois depuis un siècle, la baignade est autorisée dans la Seine. L’an dernier, les athlètes y ont plongé lors des Jeux olympiques. En 2025, c’est le public qui prend le relais, concrétisant une promesse vieille de 1988. Trois sites aménagés — au bras Marie, à Bercy et au bras de Grenelle — sont ouverts jusqu’au 31 août, dans une capitale en quête de fraîcheur et d’adaptation face aux épisodes caniculaires qui se multiplient.
Un défi urbain et historique
Longtemps interdite pour cause de pollution, la baignade dans la Seine incarne l’ambition de réconcilier la ville avec son fleuve. Plus de 1,4 milliard d’euros ont été mobilisés pour moderniser les infrastructures et assainir les eaux. Mais le pari reste fragile. À Paris, les eaux usées et pluviales partagent le même réseau. Résultat : en cas de fortes pluies, des débordements forcent les autorités à interdire temporairement la baignade, comme lors des JO. Un système de feux tricolores (vert, jaune, rouge) indique désormais en temps réel la qualité de l’eau.
Trois bassins urbains sous haute surveillance
Trois zones distinctes ont été sélectionnées : le bras Marie (centre), Bercy (est) et le bras de Grenelle (ouest). Chaque site dispose d’un mobilier balnéaire, de douches, de vestiaires et d’un encadrement professionnel. La baignade est gratuite, mais encadrée : tests de nage obligatoires, flotteurs imposés, règles d’âge et de taille, capacité d’accueil limitée (de 150 à 700 personnes selon le site), avec des horaires stricts. Les courants, la profondeur du fleuve (3,5 mètres en moyenne) et la nature instable du fond du fleuve nécessitent, une vigilance constante. Une quinzaine de maîtres-nageurs assurent la surveillance.
Des risques persistants
Malgré les efforts de dépollution, la Seine demeure un plan d’eau complexe. Plantes agrippantes, vases, variations de débit, risques d’hydrocution et cohabitation avec la navigation fluviale imposent un encadrement renforcé. Le site de Bercy, seul à maintenir l’activité portuaire autour des bassins protégés, illustre cette délicate cohabitation. Un arrêté préfectoral interdit toute baignade sauvage, renforçant les contrôles sur les voies fluviales.
Une promesse politique devenue réalité
Plus qu’une mesure d’agrément, ce projet s’inscrit dans une stratégie d’adaptation environnementale. Offrir un accès à une baignade urbaine, gratuite et encadrée, répond aux enjeux de résilience face à la chaleur. La maire de Paris a réitéré son engagement en inaugurant les sites, là même où elle s’était jetée à l’eau avant les JO. Ce geste hautement symbolique vient refermer un cycle entamé il y a plus de trente ans par Jacques Chirac.
Et après ?
L’été 2025 pourrait bien n’être qu’un début. Des projets de sites pérennes sont à l’étude pour 2026, en aval de la capitale, sur l’île Monsieur ou encore à Saint-Denis. L’aménagement des bords de Seine, longtemps relégués à la circulation ou à l’industrie, amorce ainsi une métamorphose vers un usage plus apaisé, plus vert et plus accessible.
À Paris, se baigner dans la Seine n’est plus une utopie : c’est une réalité surveillée, conditionnée, mais désormais tangible. Une révolution urbaine qui transforme le fleuve en plage temporaire et la capitale en ville amphibie.