Tourisme, colère sociale et désillusions : la Nouvelle-Calédonie vue par ses auditeurs. Entre ras-le-bol économique et espoirs déçus, les auditeurs d’Océane FM livrent un diagnostic sans filtre sur la Calédonie du 8 juillet 2025.
Tourisme calédonien : une industrie qui se noie
La colère est unanime : le potentiel touristique du pays est gâché. L’InterContinental Lifou Wadra Bay Resort by IHG, emblème de cette ambition, a été cité comme exemple d’échec flagrant :
Un cinq étoiles à cinq milliards, jamais ouvert, déjà en redressement judiciaire. C’est un naufrage économique
Un auditeur, ancien guide, décrit une situation verrouillée par des circuits institutionnels inefficaces :
On nous demandait de faire des prestations gratuites pour des tours-opérateurs, zéro retombée locale.
Le manque d’accueil est aussi pointé :
Les touristes arrivent le dimanche, tout est fermé. On les fait descendre au quai des containers. Quelle image on donne ?
D’autres rappellent le contraste avec nos voisins :
À Tahiti, on t’accueille au son du ukulélé. Ici, à Tontouta, c’est marqué « interdit de faire du bruit »
Aircalin, pannes en série et confiance en berne
Les multiples pannes techniques des appareils long-courriers d’Aircalin exaspèrent. L’investissement annoncé dans de nouveaux A350 interroge :
Ils veulent mettre 46 milliards dans de nouveaux avions alors que les passagers sont bloqués chaque semaine. C’est aberrant
Une auditrice ironise :
C’est les dents plus longues que les ailes.
Mais la préoccupation va au-delà de la logistique :
Un touriste coincé ici ne reviendra jamais. Il faut penser à l’image du pays
L’inquiétude est d’autant plus vive que les troubles de mai ont déjà terni la réputation de la destination auprès des marchés régionaux.
Vie chère, fiscalité et désespoir social
Les auditeurs ne décolèrent pas sur les prix excessifs :
Ici, faut hypothéquer son 4×4 pour sortir au resto. À l’Île des Pins, c’est 3 000 francs pour une baignade
Un autre s’indigne :
Même les Japonais ne viennent plus. Le port est le plus cher du monde pour les croisiéristes. Ils accostent, boivent de l’eau gratuite et repartent. Merci, au revoir
La fiscalité est vécue comme injuste et déconnectée de la réalité sociale. Un auditeur critique la répression routière :
Tu bosses à mi-temps, tu prends une amende ou une suspension de permis, et c’est toute ta vie qui bascule. Ils veulent juste faire rentrer du fric dans les caisses
Une autre fustige le poids de la dette :
La France nous a envoyé 120 milliards et on doit déjà en rembourser 76
Initiatives locales : entre espoirs et frustrations
Tout n’est pas noir. Une professeure de Blaise Pascal a salué l’investissement de ses élèves dans un projet d’accueil touristique :
Dégustation de produits locaux, danses traditionnelles sur les quais… C’est leur façon de redorer l’image du pays
Mais elle déplore l’indifférence des médias :
On nous a refusé un reportage. Alors que nos jeunes essaient de donner une image positive du pays
D’autres rappellent que malgré tout, des initiatives existent :
Certains guides sont formidables, ils se battent pour transmettre quelque chose de vrai. Mais ils sont seuls contre un système bureaucratique, cloisonné et inefficace
Sécurité et incivilités : un frein majeur
La question de la sécurité revient en boucle.
À Nouméa, impossible de se promener tranquille. C’est sale, les SDF t’abordent, ça donne pas envie aux touristes
dénonce un auditeur. Un autre résume :
Pourquoi je viendrais ici, me faire taxer, mal accueillir, et risquer de me faire caillasser ? Je vais à Bali, c’est moins cher et on me sourit.
Même les Calédoniens s’en plaignent :
Regardez la fête des lanternes à Nouméa : pas de parking, la police aligne tout le monde. On invite les gens, puis on les punit d’être venus
Une parole populaire qui gronde
Ce 8 juillet, les auditeurs d’Océane FM ont dressé un état des lieux sans appel d’un territoire en perte de repères. Entre rancœurs, constats d’échec et appels à la responsabilité, la parole populaire fait mieux que commenter : elle alerte.