Sculptures, maquettes et jeux pédagogiques : les collégiens calédoniens s’investissent dans la Défense avec passion. Un dispositif éducatif qui allie rigueur, citoyenneté et immersion concrète dans l’univers militaire.
Un partenariat entre l’armée et l’Éducation nationale qui prend racine à Nouméa
Le 7 juillet, le collège Portes-de-Fer à Nouméa a inauguré une sculpture symbolique à son entrée, aboutissement d’un projet pédagogique mené en SEGPA avec une rigueur quasi professionnelle. Encadrés par leurs professeurs, les élèves de 3e ont conçu l’œuvre de A à Z, du plan du socle à son orientation, en lien avec la Direction des infrastructures de la Défense. Un partenariat inédit entre l’Éducation nationale et les armées, soutenu par des entreprises locales, concrétise l’ambition d’enseigner autrement les valeurs d’engagement et de mémoire.
Mais, au-delà de la simple sculpture, le projet symbolise l’ancrage profond du lien entre l’école et l’armée. La classe Défense du collège a aussi conçu un jeu pédagogique sur les grandes figures et événements militaires, initialement destiné à la caserne Gally-Passebosc, mais désormais diffusé en version papier. Les autorités présentes ont pu tester ce jeu et repartir avec leur propre mallette, renforçant l’idée que la pédagogie de la Défense ne se limite pas aux casernes, mais s’invite activement dans les établissements scolaires.
Un vecteur d’engagement, de curiosité et de réussite
La Nouvelle-Calédonie ne fait pas qu’adopter le concept de classe Défense : elle en est aujourd’hui l’un des fers de lance outre-mer. Le territoire compte désormais 35 classes de Défense, soit potentiellement plus de 700 élèves engagés dans un programme rigoureux. Le collège de Magenta, pionnier du dispositif en 2013, en est à sa treizième promotion. Sa classe, paritaire (12 filles, 12 garçons), est recrutée dès la fin de la 4e, sur lettre de motivation et avis du corps enseignant.
Sorties de terrain, rencontres avec les forces de sécurité, participation aux commémorations : les élèves s’ouvrent à des univers qu’ils ne soupçonnaient pas. Loin de tout prosélytisme militaire, ce sont la rigueur, le collectif et le sens du devoir qui séduisent d’abord. À travers ces modules, la République parle aux jeunes autrement, incarnant concrètement les notions d’engagement et de mémoire.
La mère d’un ancien élève résume :
Mon fils a découvert le monde militaire, mais surtout, il a gagné en maturité. Il s’est senti utile.
Une sélection exigeante pour cultiver l’excellence et la cohésion
Loin d’un club extrascolaire, la classe Défense est un projet éducatif structuré, pluriannuel et interdisciplinaire. Sur 30 semaines, une à deux heures sont dédiées à l’enseignement de la Défense, en lien avec les programmes officiels. Chaque promotion est construite avec soin : lettres de motivation, entretiens, évaluations des professeurs. L’objectif ? Constituer une classe cohérente, soudée, curieuse et ouverte, capable de représenter son établissement lors de visites ou de concours.
La diversité des profils est valorisée : les élèves en difficulté scolaire, comme ceux des classes Ulis, y trouvent aussi leur place. Le cadre structurant, l’interaction avec des figures d’autorité bienveillantes et la richesse des échanges permettent de révéler des talents, de combattre la timidité ou d’approfondir des projets professionnels.
comme l’explique une enseignante :
Certains élèves arrivent par curiosité, d’autres par passion pour les métiers de la sécurité. Mais tous ressortent avec une meilleure compréhension du rôle des armées et des enjeux de sécurité en Nouvelle-Calédonie.
Le lien avec la marine, l’armée de terre ou les forces de sécurité intérieure n’a jamais été un but de recrutement direct. Il s’agit d’abord de former des citoyens éclairés, conscients des enjeux géopolitiques et des valeurs républicaines.
Le programme se clôt souvent sur des projets concrets : maquette du fort Teremba, concours sportif interclasses, reconstitution historique ou exposés à destination des futures promotions. Et toujours, une forte implication dans les cérémonies nationales, comme celle du 14 juillet à Nouméa, où les élèves défileront fièrement cette année.
Avec plus de 700 élèves engagés, les classes Défense façonnent une jeunesse calédonienne plus citoyenne, rigoureuse et solidaire. Un modèle éducatif fort, dans un territoire où souveraineté et sécurité sont au cœur des enjeux.