Une ligne rouge sur Taïwan, un tapis rouge à Pékin
Anthony Albanese ne change pas de cap : pas question de toucher au statu quo dans le détroit de Taïwan. Alors qu’il entame une visite de six jours en Chine, le Premier ministre australien rappelle la position constante de son pays : pas d’action unilatérale pour modifier l’équilibre régional. Une déclaration lancée dès Shanghai, premier arrêt d’un voyage délicat, à la fois diplomatique, économique et stratégique.
Dans le contexte des révélations du Financial Times sur des pressions américaines pour que Canberra et Tokyo clarifient leur rôle en cas d’invasion chinoise de Taïwan, cette prise de parole ne doit rien au hasard. La Maison Blanche pousse ses alliés asiatiques à renforcer leur défense, face à ce qu’elle perçoit comme une montée en puissance militaire de Pékin dans l’Indo-Pacifique.
Entre Xi et l’Oncle Sam, Albanese joue l’équilibriste
L’Australie, comme le Japon et la Corée du Sud, tente de maintenir l’équilibre entre son alliance sécuritaire avec les États-Unis et ses intérêts économiques avec la Chine, son premier partenaire commercial. Une posture délicate, rendue encore plus sensible par les dernières manœuvres chinoises : tirs navals au large de l’Australie, ballons suspects autour de Taïwan, ou encore pressions militaires autour des îles Senkaku, sous contrôle japonais.
Tout en réaffirmant son attachement au principe d’une seule Chine, Albanese marque une ligne rouge : pas de recours à la force contre Taïwan. Une formule qui soutient l’autonomie de fait de l’île sans aller jusqu’à l’indépendance formelle.
Il l’assure : même à Pékin, il ne détournera pas les yeux des sujets sensibles, évoquant les questions sécuritaires et les droits humains à venir lors de sa rencontre avec Xi Jinping.
Diplomatie, défense et… « Ruby the Roo »
Mais Albanese ne vient pas en Chine uniquement pour parler missiles. Il profite de son passage à Shanghai pour lancer une campagne de promotion touristique avec la mascotte « Ruby the Roo ». Un geste symbolique dans un climat tendu, mais qui vise à relancer la coopération économique sino-australienne, mise à mal ces dernières années.
Dans le même temps, l’Australie accueille les exercices militaires « Talisman Sabre » avec les États-Unis, le Japon, la Corée du Sud et 13 autres partenaires. Objectif : montrer l’unité stratégique et le haut niveau de coordination des forces alliées.
Albanese assume : son pays augmente considérablement son budget de défense, avec 57 milliards de dollars australiens d’investissements sur 10 ans. La finalité, dit-il, n’est pas l’escalade mais la préservation de la paix dans la région.
“J’affirme l’intérêt national australien, comme toujours”, a-t-il conclu, entre deux questions sur les manœuvres militaires.