Coupe nette de l’aide néo-zélandaise après un rapprochement avec la Chine
Une sanction néo-zélandaise qui secoue tout un archipel
Depuis que les Îles Cook ont signé en février plusieurs accords de coopération économique avec la Chine, les relations avec la Nouvelle-Zélande sont au plus bas. L’ancien partenaire colonial a suspendu 18,2 millions de dollars néo-zélandais d’aide publique, mettant en péril des pans entiers de l’économie locale : santé, éducation, infrastructures.
Ce revirement suscite incompréhension et inquiétude sur l’île principale de Rarotonga. La plupart des habitants bénéficient de la citoyenneté néo-zélandaise, avec à la clé des pensions, l’accès au système de santé ou encore des débouchés professionnels à Auckland. Rompre ce lien reviendrait à couper une artère vitale.
Du côté de Wellington, cette décision radicale sonne comme un avertissement diplomatique : une ligne rouge a été franchie en négociant avec Pékin sans concertation préalable.
Une manne chinoise… et des ambitions stratégiques
Les accords signés avec la Chine couvrent le tourisme, le commerce, les infrastructures, l’énergie renouvelable et surtout l’exploitation minière des fonds marins. Pékin a promis 1,5 million de dollars pour un navire, des projets climatiques, et un appui diplomatique au sein des instances internationales.
Mais derrière les investissements, les intentions chinoises font débat. La chercheuse Anna Powles évoque une stratégie claire : la Chine accélère la course aux minéraux stratégiques et tisse ses réseaux d’influence dans les États insulaires du Pacifique, comme elle l’a déjà fait aux Salomon, à Nauru ou à Kiribati.
Les Îles Cook sont devenues l’un des premiers pays à accorder des licences pour l’exploration minière en haute mer, une pratique très controversée dans la région. Le patron de l’association de pêche, Don Beer, met en garde : « Nous devons protéger notre souveraineté. Même face à l’argent. »
Une population divisée, un avenir incertain
À Rarotonga, les avis sont partagés. Certains saluent l’audace du gouvernement, d’autres craignent un isolement diplomatique. Pour Tina Browne, cheffe de l’opposition, la situation est claire : « La Chine me fait peur. Nous sommes trop petits pour ne pas être avalés. »
Beaucoup redoutent aussi les conséquences concrètes : réduction des services publics, chute du tourisme, tensions sociales. La dépendance à l’aide néo-zélandaise est bien réelle. À cela s’ajoute un sentiment de perte de repères dans un archipel où trois quarts des habitants vivent du tourisme, de la pêche et de l’importation.
Le gouvernement reste silencieux. La Chine, de son côté, dément toute ingérence et parle de partenariat égalitaire. Mais l’équilibre est fragile.
Alors que les Îles Cook s’apprêtent à célébrer 60 ans d’autonomie en association libre avec la Nouvelle-Zélande, la fête s’annonce glaciale : Wellington n’a pas confirmé sa venue et conditionne toute reprise de l’aide à une relance de la confiance.