Mohandas Gandhi, symbole de la non-violence, a marqué l’histoire par sa lutte contre le colonialisme en Inde et en Afrique du Sud. Mais ses propos racistes de jeunesse et ses positions sur les castes ou les femmes suscitent des débats. Malgré ces controverses, son influence perdure, réévaluée à l’aune des valeurs modernes.
Un héritage complexe pour Gandhi
Mohandas Karamchand Gandhi, figure emblématique de la lutte pour l’indépendance de l’Inde, reste une icône mondiale de la non-violence. Son combat contre l’Empire britannique, d’abord en Afrique du Sud puis en Inde, a inspiré des générations, de Nelson Mandela à Martin Luther King. Pourtant, à la lumière des valeurs contemporaines, son héritage est scruté avec nuance. Des écrits racistes de jeunesse, des positions controversées sur les castes et des pratiques personnelles ambiguës alimentent les débats. En 2025, alors que l’Inde réexamine son histoire sous l’influence nationaliste, Gandhi reste une figure emblématique.
Gandhi et la lutte anticoloniale
Gandhi s’est fait connaître par ses campagnes de désobéissance civile, d’abord en Afrique du Sud, où il vécut à Phoenix, près de Durban, dans une maison aujourd’hui transformée en musée. Son action contre le racisme institutionnel et la domination coloniale a jeté les bases de sa philosophie de non-violence. En Inde, il a mobilisé des millions de personnes à travers des actions comme la marche du sel, défiant l’Empire britannique et inspirant des mouvements mondiaux. Sa stratégie a contribué à l’indépendance de l’Inde en 1947, un exploit qui lui vaut une aura légendaire.
Controverses en Afrique et au-delà
En Afrique du Sud, l’héritage de Gandhi est ambivalent. Ses écrits de jeunesse contiennent des propos racistes, affirmant la supériorité des Indiens sur les Africains noirs, ce qui a conduit à des actes de vandalisme, comme la dégradation d’une statue à Johannesburg en 2015. Vishwas Satgar, professeur à l’université du Witwatersrand, note :
Gandhi était un produit du colonialisme, convaincu que la société coloniale blanche incarnait la civilisation.
Cependant, son expérience sud-africaine l’a transformé, l’amenant à combattre le racisme. Sa petite-fille, Ela Gandhi, déplore le manque de financements pour préserver les lieux liés à sa mémoire, exacerbé depuis la pandémie de Covid-19, selon Le Monde.
Tensions autour de ses positions sociales
En Inde, Gandhi suscite aussi des critiques. Le Poona Pact de 1932, négocié avec B.R. Ambedkar, a empêché la création d’électorats séparés pour les Dalits, perçue par certains comme une concession insuffisante. Ses idées sur les femmes et ses « expériences de chasteté » – dormir nu avec de jeunes femmes – sont aujourd’hui jugées problématiques. Jean-Marie Müller, philosophe, souligne :
Il faut dépasser le mythe pour comprendre l’homme dans sa complexité.
Un héritage réévalué mais influent
Malgré ces zones d’ombre, la non-violence de Gandhi reste une référence mondiale. Ses méthodes ont façonné des mouvements pour la justice sociale. En Inde, l’essor du nationalisme hindou tend à simplifier son héritage, occultant la diversité religieuse et sociale de son époque. Son legs, entre génie politique et contradictions, continue d’alimenter des débats sur le racisme, la justice et la mémoire historique.