Le mois de juin 2025 entre dans l’histoire météorologique calédonienne.
Des températures anormalement élevées et des pluies exceptionnelles ont frappé l’archipel, comme le révèle le dernier bulletin climatique mensuel de Météo France Nouvelle-Calédonie.
Un climat sous tension : des températures historiques
Avec une température moyenne de 22,8 °C, supérieure de +1,4 °C à la normale 1991-2020, le mois de juin 2025 se hisse au 2ᵉ rang des mois de juin les plus chauds depuis 1969 en Nouvelle-Calédonie. Cette flambée thermique résulte de la présence accrue de masses d’air tropicales humides et de vents d’est instables, typiques des régimes d’alizés perturbés.
Sur le terrain, huit records de températures mensuelles ont été battus ou égalés. À Nouméa, le mercure a atteint 26,1 °C, soit +1,9 °C au-dessus de la normale, et à Bourail, la température minimale a bondi de +2,4 °C. La pointe de chaleur a été enregistrée à La Tontouta, le 3 juin, avec 32,9 °C. Même la nuit, le thermomètre n’a pas offert de répit : les températures minimales mensuelles n’ont jamais été aussi élevées dans certaines stations.
Les conditions ENSO neutres, combinées à une anomalie chaude persistante de l’océan Pacifique, continuent d’influencer fortement le régime thermique régional. Ce cocktail climatique explique la fréquence accrue d’intrusions tropicales, bien au-delà des moyennes saisonnières.
Des précipitations torrentielles et localisées
Ce mois de juin a également été marqué par des pluies abondantes, dépassant de +20 % la moyenne sur l’ensemble du pays. Le 4 juin, à Yaté Mairie, 192,3 mm de pluie ont été relevés en 24 heures, un record absolu pour ce mois. Le cumul mensuel y atteint 336,7 mm, soit +111 % d’excédent.
Les jours de pluie ont aussi connu une hausse : de 5 jours à Ouloup (Ouvéa) jusqu’à 20 jours à Montagne des Sources (Yaté). En moyenne, 10 jours de pluie ont été enregistrés, contre une norme de 8. Ce dérèglement hydrique, couplé à des températures élevées, a accentué le ressenti d’humidité tropicale sur une grande partie de l’archipel.
Les conditions météorologiques extrêmes de ce mois ont culminé lors de l’épisode orageux du 3 juin : 4 921 points de contact de foudre ont été détectés, faisant de Thio et Yaté les communes les plus touchées par l’activité électrique. L’instabilité atmosphérique semble désormais s’ancrer comme un phénomène récurrent.
Un vent inhabituel et un ensoleillement inégal
Autre singularité : l’absence relative des vents d’ouest, généralement attendus en cette saison, au profit de vents d’est à nord-est, pilotés par des alizés instables. À Nakutakoin (Dumbéa), 27 jours de vent calme ont été relevés. En revanche, la plus forte rafale a atteint 100 km/h le 5 juin à Yaté, confirmant une dynamique météo imprévisible.
L’ensoleillement, quant à lui, a été très variable. La durée maximale d’exposition solaire a été enregistrée à Touho Aérodrome avec 141 heures et 47 minutes, alors qu’Aoupinié (Ponérihouen) n’a connu que 64 heures. Le rayonnement global a atteint des pics, comme à Ouanaham (Lifou) le 8 juin, avec 1 727 J/cm².
À l’échelle planétaire, ce mois s’inscrit dans une tendance alarmante : selon Copernicus, juin 2025 est le 136ᵉ mois consécutif au-dessus des normales climatiques. La température de surface océanique mondiale atteint 20,46 °C, la deuxième plus haute valeur jamais enregistrée en mai.
Ce bulletin de juin 2025 révèle une mutation profonde du climat calédonien. Les phénomènes météo extrêmes deviennent la norme : records de chaleur, précipitations brutales, instabilité atmosphérique et foudre massive illustrent la vulnérabilité accrue du territoire face au réchauffement climatique.
Dans ce contexte, la résilience locale – qu’elle soit énergétique, agricole ou sanitaire – devient une priorité stratégique. La Nouvelle-Calédonie, située au cœur de l’océan Pacifique, est plus que jamais en première ligne du dérèglement global.