Un billet unique pour relier l’Europe au Caillou : c’est désormais possible. Grâce à son accord avec Singapore Airlines, Aircalin change la donne pour les voyageurs.
Un partenariat stratégique pour Nouméa
Dès le 3 octobre 2025, Singapore Airlines apposera son code sur les vols SB740 et SB741 entre Nouméa et Singapour. Pour les passagers, cela signifie une expérience de voyage fluide, une seule réservation et, surtout, un accès facilité au réseau mondial de l’une des compagnies les plus prestigieuses.
Aircalin renforce ainsi son ancrage dans les grands hubs internationaux, au même titre qu’avec Air France. Cette visibilité accrue est une aubaine pour le tourisme en Nouvelle-Calédonie, mais aussi pour les résidents souhaitant rallier Paris, l’Asie ou d’autres régions d’Europe sans se compliquer la vie avec plusieurs escales ou billets séparés.
Le hub de Changi, régulièrement classé parmi les meilleurs aéroports du monde, devient une porte d’entrée stratégique vers le Caillou, bien plus confortable et rapide que les itinéraires traditionnels via Tokyo ou Séoul.
Un pari touristique assumé par Aircalin
Dans la foulée de ce partenariat, Aircalin renforce aussi sa desserte vers Wallis, avec six vols supplémentaires entre septembre 2025 et janvier 2026. Une décision motivée par la demande croissante en période de fêtes, de communions et de vacances scolaires.
Dates clés :
11 et 25 septembre
15 octobre
18 et 22 décembre (vols de nuit)
1er janvier 2026
Au total, 50 vols seront opérés sur cette période. Une offre qui vise à redynamiser une ligne encore convalescente, avec un trafic toujours en baisse de 18 % par rapport aux niveaux de 2024. Mais la reprise est plus rapide que prévu, selon la compagnie, qui tablait initialement sur une chute de 25 à 30 % après les émeutes.
Aircalin mise donc sur la relance et aligne sa stratégie à celle du territoire : reconquérir les voyageurs, regagner du trafic et renouer avec les ambitions d’un hub du Pacifique.
L’aérien en pleine recomposition mondiale
Le mouvement ne s’arrête pas à Nouméa. Ce mois-ci, Air France-KLM et Qantas ont annoncé une extension majeure de leur accord de partage de code (code-share). En ajoutant Tokyo Haneda à leurs points de correspondance (Singapour et Hong Kong), les passagers disposent désormais de trois hubs majeurs pour voyager entre l’Europe et l’Australie.
Air France devient même la seule compagnie à proposer un partage de code sur une liaison directe Europe-Australie, grâce au vol Qantas entre Paris et Perth : un service unique, sans escale, qui raccourcit le trajet de trois heures.
Les clients Flying Blue bénéficient d’avantages inédits, comme l’accès aux salons First Class de Qantas ou l’utilisation de leurs miles sur les vols en première cabine australienne.
Les zones d’ombre d’un virage stratégique
Derrière l’annonce triomphante du partenariat avec Singapore Airlines se cache une réalité moins reluisante : la gestion d’Aircalin, régulièrement pointée du doigt sur les réseaux sociaux, interroge. Tarifs exorbitants, service client inégal, retards chroniques sur certaines lignes — les critiques ne manquent pas.
On paie un billet à 300 000 francs pour avoir un plateau-repas tiède et une hôtesse débordée, c’est ça le prestige ?
s’indigne un usager sur X. D’autres évoquent la lourdeur structurelle de la compagnie, son endettement chronique et un management jugé peu transparent, malgré une recapitalisation publique récente.
Plusieurs observateurs s’interrogent aussi sur la pertinence de ces « grandes manœuvres » à l’international alors que la desserte intérieure reste sinistrée. Les liaisons vers les îles ou vers Wallis, malgré l’augmentation ponctuelle du nombre de vols, continuent de souffrir de leur imprévisibilité et de tarifs dissuasifs. Certains y voient une politique à deux vitesses : vitrine internationale d’un côté, services de base fragiles de l’autre.
Du ciel bleu… ou des turbulences annoncées ?
Si l’accord avec Singapore Airlines marque une avancée commerciale indéniable, il ne saurait masquer les tensions structurelles d’une compagnie qui peine à se réformer en profondeur. Trop souvent sous perfusion publique, Aircalin donne l’impression de naviguer à vue, entre ambitions internationales et réalité d’un marché restreint et contraint. La Nouvelle-Calédonie gagnerait à clarifier sa stratégie aérienne globale : veut-elle être un hub du Pacifique ou simplement éviter que les Calédoniens ne se sentent isolés et surtaxés dans leurs propres déplacements ? La réponse, elle, tarde encore à atterrir