Le sport s’impose comme un levier politique en Nouvelle-Calédonie. Après les violences de mai 2024, les autorités misent sur 568 projets pour retisser le lien social.
Le sport, priorité de l’État pour la jeunesse calédonienne
L’annonce est symbolique autant que stratégique. Ce mercredi 16 juillet, la conférence des financeurs du sport, présidée par le haut-commissaire en Nouvelle-Calédonie, a validé un soutien public de 292 millions de francs CFP à la pratique sportive pour l’année 2025. Cette enveloppe permettra de financer 568 projets associatifs, 33 emplois sportifs et 8 équipements majeurs sur tout le territoire.
Ce dispositif s’inscrit dans la dynamique de l’héritage des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 et dans la continuité du Projet Sportif Territorial (PST). Dans un contexte post-émeutes, l’objectif est clair : reconstruire le lien social à travers le sport. Pour cela, les institutions tablent sur un partenariat renforcé entre l’État, les collectivités locales, les fédérations sportives et le secteur privé.
Outre les aides classiques, deux dispositifs stratégiques ont été renforcés : les « projets sportifs territoriaux spécifiques », dédiés aux grands équipements ou événements internationaux, et le soutien aux équipements para-sportifs, pour favoriser l’accessibilité et l’inclusion.
Une stratégie collégiale au service du territoire
La gouvernance du sport calédonien a été réformée en profondeur depuis 2022, avec l’installation de deux nouvelles instances : la Conférence Régionale du Sport (CRdS) et la Conférence des Financeurs du Sport (CdFS). Ces structures associent 29 représentants de l’État, des collectivités, du mouvement sportif et du monde économique pour définir ensemble les priorités d’investissement sportif.
Le PST 2025, validé en début d’année, repose sur un diagnostic territorial rigoureux et actualisé. Il fixe une feuille de route claire pour cinq ans avec cinq grands objectifs stratégiques :
professionnaliser le secteur sportif,
valoriser le bénévolat,
favoriser l’accessibilité aux activités physiques,
optimiser les infrastructures sportives,
accompagner le sport de haut niveau.
Dans la foulée des émeutes de mai 2024, deux axes prioritaires ont été ajoutés : la réhabilitation des équipements dégradés et la promotion de la cohésion sociale par le sport. Des moyens spécifiques seront débloqués pour former et embaucher des jeunes animateurs de quartier et de tribu.
Des dispositifs financiers calibrés pour la relance
Plusieurs lignes budgétaires permettent de cibler des besoins spécifiques. Ainsi, le dispositif « Plan 5 000 équipements – Génération 2024 » financera :
la construction ou rénovation lourde d’infrastructures,
l’accessibilité des lieux sportifs aux personnes en situation de handicap,
l’acquisition de matériels lourds, comme des minibus ou des fauteuils handisport.
Dans les zones dites « carencées » — souvent en Brousse ou dans les quartiers populaires — les taux de subvention peuvent atteindre 100 %. Par exemple, pour les bassins de natation mobiles, le financement public pourra couvrir l’intégralité du coût.
Les projets devront obligatoirement inclure une convention d’usage avec les établissements scolaires, garantissant des créneaux dédiés aux jeunes et un accès libre au public. L’État conditionne aussi les aides à l’implication directe des bénéficiaires : chaque porteur devra assurer au moins 20 % d’autofinancement.
Enfin, la plateforme InfraSport centralisera le dépôt des demandes, dont la date limite est fixée au 30 septembre 2025. Un accompagnement est prévu via le Service des Équipements sportifs de l’ANS, pour faciliter l’accès aux porteurs calédoniens.
Dans un archipel encore marqué par la crise, le sport devient un outil de reconstruction autant qu’un enjeu de développement. Le Projet Sportif Territorial 2025 ne se limite pas à l’installation de nouvelles infrastructures : il veut redonner espoir, encadrer la jeunesse et bâtir une société plus soudée. Pour les autorités, c’est sur les terrains de sport que se gagnera une partie de l’avenir calédonien.