Un week-end d’une rare intensité a secoué la Nouvelle-Calédonie. Des violences urbaines, des incendies criminels et un cambriolage choquant à Farino ont jeté un froid glacial sur l’archipel. Alors que les autorités veulent rassurer, la population attend des actes, pas des mots.
La nuit tombe, la violence explose à Nouméa
Vendredi soir, la capitale calédonienne a viré au cauchemar. Trois quartiers sensibles — Kaméré, Normandie et Pierre Lenquette, à Montravel — ont été secoués par des scènes de violences urbaines. Jets de projectiles, feux de poubelles, caillassages : les habitants ont passé la nuit barricadés chez eux, impuissants face à cette flambée de délinquance.
Cinq individus ont été interpellés. Mais pour beaucoup, ce n’est qu’une goutte d’eau dans un océan de tensions.
On a peur. Même la police semble dépassée », souffle un habitant de Montravel.
La montée des violences urbaines en Nouvelle-Calédonie n’est plus un phénomène isolé. Elle touche désormais aussi bien les zones périurbaines que le cœur de Nouméa. Et la réponse de l’État peine à convaincre.
Pouembout, Poya : les flammes gagnent le Nord
La violence a aussi frappé au nord du territoire. Dans la nuit de samedi à dimanche, l’entreprise Plastinord, implantée à Pouembout, a été ravagée par les flammes. Le lendemain, ce sont quatre bus scolaires stationnés au dépôt de Poya qui ont été entièrement détruits dans un second incendie.
Deux suspects sont en garde à vue. Mais là encore, la colère monte.
On attaque l’outil de travail, l’avenir des jeunes ! », dénonce un élu local.
Derrière ces actes, une même mécanique : frapper fort, impressionner, saboter.
On brûle nos bus, on agresse nos enfants… Et on nous parle d’accord de confiance ? Moi, je veux bien y croire, mais comment faire confiance quand la peur s’installe même en Brousse ? », lâche Jean-Michel, éleveur à Poya, visiblement amer.
La sécurité, c’est la base. Sans ça, aucun accord ne tiendra.
Les incendies en Nouvelle-Calédonie prennent une tournure inquiétante. Et beaucoup redoutent que cette stratégie de la terre brûlée ne s’installe durablement.
Farino : un enfant agressé à son domicile
Mais c’est à Farino, petit village réputé paisible, que l’horreur a atteint son paroxysme. Dans la nuit de dimanche à lundi, un cambriolage a mal tourné. Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux montre une scène insoutenable : un enfant agressé chez lui.
Quatre personnes ont été arrêtées dans cette affaire qui bouleverse l’opinion publique. Car même les plus jeunes ne sont plus en sécurité.
Si ça peut arriver ici, ça peut arriver partout », s’indigne une mère de famille.
L’État a beau rappeler que « aucun fait ne restera impuni », le sentiment d’insécurité est bien là. Et ce ne sont pas les formules toutes faites, mais des mesures fortes que réclame la population.
L’État hausse le ton, mais la rue attend plus
Le Haut-commissaire de la République s’est voulu ferme :
Aucun fait ne restera impuni.
Il a ordonné aux forces de l’ordre d’intensifier les patrouilles et de renforcer les dispositifs de sécurité sur tout le territoire.
Mais pour l’heure, la rue reste sceptique. Les Calédoniens réclament autre chose que des communiqués : ils veulent des résultats, des condamnations exemplaires, et surtout une politique de fond.
On ne veut pas de mesurettes, on veut de la sécurité », martèle un collectif de riverains à Nouméa.
Car le sentiment d’abandon gagne du terrain, alimenté par chaque agression, chaque incendie, chaque nuit de violence.
La délinquance en Nouvelle-Calédonie n’est plus cantonnée à des cas isolés. Elle s’ancre, s’organise, et frappe les plus vulnérables. L’agression d’un enfant, les bus scolaires incendiés, les quartiers attaqués : autant de signaux rouges pour une société à bout de nerfs.
L’heure n’est plus aux discours, mais aux actes. Car c’est la confiance des citoyens envers l’État qui vacille. Et avec elle, la paix sociale.