À Gatope, la base gronde. L’accord de Bougival a fait exploser les tensions. Ce 26 juillet, l’UC convoque un comité directeur crucial.
C’est une réunion qui pourrait tout faire basculer. Après la signature controversée de l’accord de Bougival, violemment rejetée par la base, l’Union calédonienne convoque son comité directeur élargi ce samedi 26 juillet à Gatope, dans la commune de Voh. À l’ordre du jour : régler ses comptes, dire sa vérité et, peut-être, sauver son unité. Une séquence politique à haut risque, alors que la colère monte et que l’influence de Christian Tein divise plus que jamais.
La signature de Bougival : coup de force ou trahison ?
Le 12 juillet 2025, la direction de l’Union calédonienne, mandatée pour négocier avec l’État, signe à Bougival un projet d’accord institutionnel pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. Officiellement, il s’agit de poser les jalons d’un nouveau statut post-accords de Nouméa. Officieusement, c’est un passage en force. Car, dès le 21 juillet, le comité directeur convoqué en urgence désavoue le texte signé à Paris. Les accusations fusent : engagement sans consultation, non-respect du mandat de négociation, trahison de la base.
Les signataires sont priés de renier leur signature, dans un climat d’humiliation politique rarement vu au sein du mouvement. L’accord est qualifié de “non conforme”, les militants dénoncent une stratégie solitaire, et le malaise gagne tout l’appareil.
Christian Tein, le stratège dans l’ombre
Derrière ce désaveu brutal, un nom revient avec insistance : Christian Tein, président du FLNKS. Présent à Bougival mais non signataire, il aurait imposé sa feuille de route et exigé que l’UC passe par lui pour tout accord formel. Une stratégie d’influence assumée, mais qui crispe. Car de nombreuses voix internes dénoncent une dérive centralisatrice :
On a signé sous pression, avec une ligne dictée. Ce n’est pas ça, l’Union calédonienne, fulmine un cadre de la région Nord.
L’ombre de Christian Tein pèse sur chaque décision. Son autorité, non contestée au FLNKS, devient problématique à l’UC. Le parti historique de l’indépendance est en perte de contrôle.
26 juillet à Gatope : la base reprend le pouvoir
C’est dans ce contexte explosif que le comité directeur élargi (CODIR) est convoqué ce samedi 26 juillet à 9 h, à la tribu de Gatope – Webwihoon. Tous les comités locaux doivent y envoyer leurs délégués. L’enjeu est clair : la base doit trancher. Le message envoyé par la direction est limpide : “Il n’y aura pas de paix politique sans vérité entre nous.”
Le document officiel de convocation, daté du 22 juillet 2025, précise l’ordre du jour :
Retour et suivi des discussions sur l’avenir du pays, avec une analyse du projet d’accord jugé “faible”, verrouillé juridiquement et imprécis sur les compétences transférées.
Analyse de la situation et perspectives, avec pour objectif de dégager une nouvelle ligne politique avant la convention du FLNKS prévue le 2 août.
Les motions du Congrès de Mia, du FLNKS, les contributions des 4 coacteurs et les résolutions des différentes instances de l’UC seront débattues. Chaque comité local aura la parole.
Mais derrière la procédure, le mouvement joue gros. Le risque d’implosion est réel. Entre les dirigeants désavoués, les pressions internes, les fractures générationnelles et les tensions avec les autres composantes du FLNKS, l’Union calédonienne est à un tournant. La question de la légitimité de ses représentants est posée.
Gatope sera peut-être le théâtre d’un sursaut… ou d’un divorce politique. L’Union calédonienne doit sortir de la crise avec une ligne claire, une direction validée par la base et une position officielle sur l’accord de Bougival. Sans quoi, le spectre d’une scission rôde.
Ce qui se joue ce samedi, c’est l’autorité de l’UC sur sa propre stratégie, sa place au sein du FLNKS et son avenir politique dans la Nouvelle-Calédonie post-accords. Un rendez-vous que personne ne peut manquer.