17 des narcotrafiquants les plus redoutés de France viennent d’être transférés à Vendin-le-Vieil.
Cette prison, déjà classée parmi les plus sécurisées du pays, devient le symbole de la guerre contre le crime organisé.
Une opération militaire pour des détenus d’exception
Mardi 22 juillet, la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) s’est transformée en théâtre d’une opération logistique et sécuritaire d’envergure. À 11h30, 17 détenus particulièrement dangereux, tous issus du grand banditisme et du narcotrafic, y ont été incarcérés.
Cette première vague de transferts, encadrée par le GIGN, les CRS, les ERIS et des drones de surveillance, n’a laissé aucune place à l’improvisation.
Les abords de l’établissement ont été bouclés, surveillés par des tireurs embusqués, et une dizaine de fourgons ont convoyé les prisonniers depuis des établissements parisiens et de l’Oise.
Dans les prochains jours, près de 100 détenus devraient rejoindre ce centre, transformé pour l’occasion en véritable forteresse carcérale.
Le profil des détenus ? Des figures de la criminalité organisée, certaines liées à des cartels internationaux.
D’autres, comme Mohamed Amra, dont l’évasion en mai dernier a coûté la vie à deux agents pénitentiaires, devraient suivre prochainement.
Un régime carcéral d’isolement extrême
Vendin-le-Vieil, déjà connue pour héberger Salah Abdeslam ou Rédoine Faïd, entre dans une nouvelle ère. Inspiré du modèle anti-mafia italien, le régime appliqué aux narcotrafiquants est d’une dureté inédite.
Les détenus sont isolés, escortés individuellement, fouillés systématiquement, et enfermés dans des cellules sans lumière naturelle.
Les infrastructures ont été repensées :
double grillage,
brouilleurs de téléphones et de drones,
trappes à menottes,
parloirs sous hygiaphone,
filets anti-hélicoptères,
caméras thermiques…
Chaque bâtiment, chaque couloir, chaque cellule a été pensé pour empêcher toute communication avec l’extérieur.
Objectif assumé : briser les réseaux depuis l’intérieur des murs.
Les surveillants ont suivi une formation spécifique pour affronter ces profils.
Ce sont les 100 plus gros narcotrafiquants. On ne prend aucun risque, souligne David Lacroix, syndicaliste FO Justice.
Un dispositif sous le feu des critiques
Mais cette ultra-sécurisation carcérale ne fait pas l’unanimité.
Plusieurs avocats dénoncent une dérive. Certains détenus transférés n’ont pas été condamnés pour narcotrafic, mais pour des faits connexes, comme des braquages ou des délits mineurs commis en détention.
« Un détournement de procédure », s’insurgent les défenseurs.
D’autres pointent la brutalité du régime : fouilles intégrales, réveils nocturnes toutes les deux heures, absence de lumière naturelle, surveillance permanente…
Ce n’est plus une prison, c’est une tombe , déplore un avocat.
Le Conseil constitutionnel a validé le dispositif, tout en émettant des réserves sur les atteintes aux libertés fondamentales.
Mais le ministère de la Justice assume pleinement, justifiant cette politique carcérale par la nécessité de neutraliser les têtes de réseaux qui, jusque-là, continuaient à piloter leurs trafics depuis leurs cellules.
La prison de Vendin-le-Vieil est en train de devenir le cœur du dispositif français contre le narcotrafic.
Mais derrière les hauts murs renforcés, c’est aussi un débat fondamental qui s’ouvre : jusqu’où faut-il aller pour neutraliser le crime organisé ?
Entre sécurité maximale et respect des droits fondamentaux, la ligne est mince… et fragile.