Le communiqué officiel du Bureau Politique du FLNKS, publié à l’issue de la séquence parisienne (2-12 juillet 2025), se veut un bilan de l’accord discuté à Bougival et des conditions de son élaboration. Mais à la lecture attentive, le plus frappant n’est pas tant ce qui est dit… que ceux qui ne signent pas.
Qui signe… et surtout, qui ne signe pas
Sept membres du Bureau Politique ont apposé leur signature :
- Marie-Pierre Goyetche (Pt)
- Laurie Humuni (RDO)
- Henry Juni (CNTP)
- Sylvain Pabouty (DUS)
- Dominique Fochi (UC)
- Orianne Trolue (MOI)
- Lenka Hnaisseline (DA)
Mais deux absences notables sautent aux yeux :
Christian Tein, président du FLNKS, n’a pas signé ce communiqué.
Emmanuel Tjibaou, président de l’Union Calédonienne (UC), non plus.
Leur silence et leur absence de signature ne peuvent être anodins. Cela traduit une profonde fracture au sein du mouvement indépendantiste, et une ligne de plus en plus exclusivement portée par les cadres de la CCAT (Comité stratégique de coordination des actions de terrain).
En effet, parmi les signataires, plusieurs sont liés à la CCAT, ou à ses composantes les plus radicales.
Un soutien réservé, et une ligne de rupture maintenue
Sur le fond, le communiqué souligne :
- Un avis « très réservé » du Bureau Politique sur le projet d’accord.
- Une dénonciation d’une trajectoire vers la souveraineté jugée floue, voire piégée.
- Un rejet implicite de l’encadrement français, malgré l’existence d’un État calédonien dans l’accord.
- Une critique du maintien des obstacles (corps électoral gelé, majorité qualifiée au Congrès, validation par l’État…).
Mais le texte reste dans la critique technique, sans jamais assumer un rejet politique clair du processus ou de l’accord signé par les délégations à Bougival.
C’est une posture d’attente, voire de repli stratégique, avec un appel à consultation des « groupes de pression » le week-end du 26 juillet, et une plénière fixée au 2 août.
Ce qu’il faut lire entre les lignes
Christian Tein ne signe pas : cela signifie que le président du FLNKS ne cautionne pas (ou plus) ce communiqué, ce qui jette une lumière crue sur l’unité fictive du mouvement.
Emmanuel Tjibaou absent également : signe d’un désaccord ou d’un désengagement progressif de l’UC, qui avait pourtant validé l’accord dans les négociations.
Les signataires sont quasi exclusivement CCAT : cela confirme la mainmise de la CCAT sur la communication actuelle du FLNKS, au détriment du FLNKS institutionnel, qui semble se désagréger dans les faits.
Une machine à reculer
Ce communiqué, en l’absence de ses figures légitimes les plus visibles, confirme que le FLNKS n’est plus un front uni, mais un conglomérat d’intérêts divergents, où la CCAT impose sa ligne dure.
En se gardant de rejeter frontalement l’accord, tout en le vidant de sa substance politique, le texte prend acte d’un désaccord interne profond. Mais sans courage de l’assumer publiquement.
Ce communiqué n’est ni une validation, ni un rejet de l’accord de Bougival, mais une tentative de reprendre la main médiatique par ceux qui en ont perdu le contrôle politique.
L’absence de Christian Tein et Emmanuel Tjibaou parle plus fort que toutes les phrases du document : le FLNKS est fracturé. Et désormais, la CCAT parle seule.