Suspension contestée, élections reportées, défiance interne : la Fédération calédonienne de football traverse une tempête institutionnelle.
La Fédération calédonienne dans la tourmente : pouvoir suspendu, direction contestée
La Fédération calédonienne de football (FCF) traverse une crise sans précédent. Au cœur de la tempête : la suspension contestée de son président, Gilles Tavergeux, décidée par cinq des huit membres du Conseil fédéral. Une sanction de cinq mois, votée en juin dernier, qui suscite un bras de fer juridique et statutaire.
Les textes sont clairs. Seule l’Assemblée fédérale peut élire et révoquer un président
martèle Gilles Tavergeux, refusant toute légitimité à ce qu’il qualifie de « putsch interne ». Selon lui, le Conseil fédéral ne disposait ni du pouvoir, ni du cadre légal pour le suspendre, la procédure étant entachée de vices de forme : convocation irrégulière, absence d’ordre du jour conforme, et surtout, incompétence supposée de l’organe fédéral pour agir ainsi.
L’affaire révèle une fracture institutionnelle profonde, où la gouvernance du football local devient le théâtre d’une lutte de clans.
Elections bloquées, comités incomplets : l’impasse statutaire
Mais la crise dépasse la seule personne du président. Le Conseil fédéral, organe central de la FCF, devait être renouvelé fin 2024. Or, ce processus est bloqué par un imbroglio statutaire : le président du comité provincial Sud a été démis, ce qui empêche l’élection légale du président fédéral, puisque les trois présidents de comité doivent être présents pour convoquer l’Assemblée.
Résultat ? L’élection a été repoussée une première fois en mars 2025, puis à nouveau différée, plongeant la Fédération dans une paralysie juridique et organisationnelle.
Je ne suis pas là pour bloquer l’institution
défend Gilles Tavergeux. Il appelle à la responsabilité : voter le budget 2025, valider les comptes 2024, et surtout, fixer enfin une date pour une Assemblée ordinaire légitime, garante de la relance institutionnelle.
La FIFA a été saisie pour valider le processus électoral. Elle a donné jusqu’en septembre pour sortir de la crise. Un calendrier serré, à haut risque, dans un contexte où la crédibilité de la FCF est de plus en plus écornée.
Une fracture politique entre concertation et défiance
Derrière cette guerre de statuts, c’est une rupture de confiance totale qui est pointée du doigt par les opposants à Gilles Tavergeux. Pour Marcel Unë, deuxième vice-président, la suspension est avant tout un signal politique fort, un vote de défiance face à une présidence accusée de manque de concertation, gestion opaque et décisions unilatérales.
Le 21 janvier, on a demandé seize points d’explication sur la gouvernance des projets. On attend toujours
affirme-t-il. La cassure ne semble pas prête de se résorber. Une nouvelle candidature qui ravive les tensions et ouvre un combat de légitimité entre anciens et prétendants, dans un climat délétère où les enjeux dépassent largement les seules questions sportives.
Une Fédération en sursis sous les yeux de la FIFA
À trois mois de la date butoir fixée par la FIFA, la Fédération calédonienne joue sa survie institutionnelle. L’impasse actuelle n’est pas seulement statutaire, elle est politique, morale, et profondément symptomatique d’un mode de gouvernance à bout de souffle. Si aucune élection n’est organisée à temps, la FIFA pourrait retirer sa reconnaissance officielle – un séisme pour le football calédonien.
Reste une question simple : veut-on sauver l’institution ou enterrer un homme ?