L’émission a tourné au miroir grossissant d’une société calédonienne à bout. Des appels directs, bruts, sans filtre, ont dressé un panorama de colères accumulées : accidents de la route avec délit de fuite, hausses de prix, suspicion envers l’accord de Bougival, et perte totale de confiance envers les institutions. Tour d’horizon de cette radio du ras-le-bol.
Délit de fuite et violences routières : l’impunité en roue libre
Le gars m’a éclaté l’arrière du pick-up et il s’est barré sans rien dire
témoigne un auditeur amer, victime d’un accident à Magenta. Plus grave encore :
Il y a quelques semaines, c’est une gamine qui a fini au Médipôle, et là aussi le conducteur avait fui
rappelle l’animateur. Ce sentiment d’injustice s’étend à l’ensemble du territoire : entre un mort sur la route à Canala et des cyclistes agressés verbalement à Païta, la route n’est plus un espace sûr mais le prolongement d’un chaos social.
Quand tu fais du vélo et qu’on t’insulte de « sale blanc », c’est qu’on a dépassé le point de rupture.
Vie chère : « On affame le peuple, puis on lui vend des promos »
Les témoignages s’enchaînent et convergent : les produits « à -10 % », censés soulager les familles, sont perçus comme une mascarade.
C’est inexistant leur truc. Les prix sont encore plus chers qu’avant !
Deux petits pieds de chouchoute à 670 francs, c’est du vol organisé
s’ajoute un autre. Les marchés, autrefois espaces de survie alimentaire, deviennent des vitrines inaccessibles. Même les fruits du bord de route prennent l’ascenseur des prix :
Les bananes sont hors de prix alors qu’il y en a partout !
Si les gens volent de la bouffe, c’est qu’ils ont faim.
Un autre conclut sans détour :
Ils nous enfument comme des abeilles.
Enercal et factures explosives : le piège des compteurs « intelligents »
Une auditrice explose :
Mes parents payaient 17 000 francs par mois, et là d’un coup : 160 000 !
Depuis l’installation des compteurs électroniques, les promesses de facturation « au réel » sont contredites par des estimation hasardeuses et des régularisations massacrantes.
Pire : les services clients sont silencieux.
Depuis jeudi, plus aucune réponse.
Un autre auditeur témoigne :
Enercal accepte un seul report par an. Sinon, on vous coupe le courant.
Résultat : des personnes âgées piégées par un système opaque, et aucun recours.
Accord de Bougival : confusion totale et rejet de la méthode
Certains veulent y croire :
C’est comme un couple qui va chez le psy. Il faut faire des concessions.
D’autres réclament une réunion unique et publique avec tous les partis, sans drapeau ni clan, pour que « les Calédoniens aient toutes les cartes en main ».
Mais le doute s’est installé :
Ils parlent d’un accord, puis disent que c’est juste un projet. Ils signent, puis ils n’assument plus.
Et la peur domine :
Si le peuple vote non, tout saute.
Violence, incendies et justice passive : la colère monte
Après les incendies de Plasti Nord et des bus à Poya, les auditeurs pointent un double scandale : le silence politique et l’inaction judiciaire.
Pourquoi aucun leader du nord ne fait un appel au calme ? Pourquoi personne ne condamne clairement ?
interroge un homme, indigné. Un autre est plus radical :
La justice ne fait rien. Même les flics te disent que ce sont toujours les mêmes et qu’ils ressortent aussitôt.
Le terme de « responsabilité collective » est moqué :
Quand on vous brûle la voiture, c’est pas collectif, c’est personnel.
Il faut mettre la pression à ceux qui doivent protéger les citoyens. Sinon, le bouchon va sauter.
Éducation et abandon : l’enfant TDAH que l’école exclut
Un dernier appel, déchirant : une mère raconte l’enfer scolaire de sa fille TDAH. Remarques humiliantes, professeure indifférente, et maintenant refus de retourner en classe.
Ce que l’école casse, c’est à nous de le réparer à la maison
souffle-t-elle, épuisée. Sans orthophoniste, sans psychologue, sans relais, cette famille illustre le délaissement des élèves en difficulté.
Elle a 50 % de reconnaissance handicap, mais c’est comme si on n’existait pas.
Et maintenant, qui écoute encore ?
À travers les voix crues de ses auditeurs, cette émission révèle une société au bord de la rupture. Entre colère sociale, désillusion politique et sentiment d’abandon, les Calédoniens ne demandent pas des promesses, mais des actes.
Et surtout, que quelqu’un daigne enfin les écouter.