La province Sud accélère sur l’économie circulaire avec un atelier clé sur la valorisation des déchets du BTP ce 25 juillet.
Une matinée pour transformer les déchets en ressources
La transition écologique se joue aussi dans le béton. Le vendredi 25 juillet, la province Sud organise un atelier stratégique sur la structuration des filières de valorisation des ressources secondaires du BTP. Objectif : faire du déchet un levier d’innovation, d’emploi et de résilience.
Ce rendez-vous s’inscrit dans une série d’ateliers de la transition économique et écologique lancés depuis 2019. Il réunira élus, entreprises, techniciens et institutions pour répondre à une question centrale : comment sécuriser et massifier le réemploi dans le secteur du BTP ?
Nous voulons passer d’une logique d’élimination à une logique de transformation
résume une élue provinciale. Un changement de paradigme qui touche à la fois les chantiers, les matériaux et les comportements.
Le BTP, un gisement de déchets… et de solutions
En province Sud, plus de 500 000 tonnes de déchets inertes sont produites chaque année. Si la tendance est à la baisse en raison du recul du marché du BTP, la crise de 2024 a brutalement montré la nécessité d’un changement de cap : 12 000 tonnes de béton issues de 48 chantiers post-émeutes ont pu être redirigées vers des usages alternatifs comme le terrassement.
Malgré quelques projets pilotes encourageants – en moyenne 40 tonnes de matériaux réemployés par chantier, selon les données disponibles –, la valorisation ne représente encore qu’une goutte d’eau : environ 7 000 tonnes entre 2018 et 2022. Pourtant, les plateformes comme Circuit PRO, lancée par la CCI, montrent que l’écosystème est mûr : 340 structures y échangent déjà matériaux, équipements ou services.
Le réemploi, ce n’est pas juste une bonne idée, c’est une réponse concrète à la crise des ressources et au coût des matières premières
souligne un membre d’un cluster local.
Structurer, mutualiser, normaliser : trois chantiers pour 2025
Le programme de l’atelier, dense et technique, illustre la volonté d’en finir avec la gestion linéaire des déchets. Après les interventions de la DDDT, de la DAEM, de la CCI et de la DIMENC, les participants seront invités à rejoindre deux groupes de réflexion :
- Atelier 1 : comment garantir un reconditionnement des matériaux conforme aux exigences d’assurance qualité ?
- Atelier 2 : quelles pistes pour créer une infrastructure mutualisée, accessible aux professionnels et aux collectivités ?
Les débats devraient faire émerger des pistes concrètes pour industrialiser le réemploi, en s’appuyant sur le Référentiel de Construction de Nouvelle-Calédonie (RCNC) et en tirant les leçons d’initiatives menées en métropole ou dans le Pacifique.
Il faut sortir du bricolage vertueux et entrer dans une logique industrielle et fiable
alerte un ingénieur de la DIMENC. La confiance entre les acteurs est la clé.
Une ambition circulaire à l’échelle du territoire
Ce chantier ne concerne pas uniquement les professionnels du bâtiment. Derrière les murs à rénover et les routes à reconstruire, c’est un nouveau modèle économique que la province Sud veut faire émerger : plus sobre, plus local, plus circulaire. Cela passe par l’innovation, l’exemplarité des maîtres d’ouvrage publics – comme la réhabilitation de l’Hôtel de la province Sud – et par la massification des usages.
Le Schéma provincial de prévention et de gestion des déchets 2023-2027 fixe un cap ambitieux : faire de la gestion des déchets un levier de souveraineté, de cohésion sociale et de relance.
Chaque gravat réemployé, c’est une importation évitée, une ressource préservée, un emploi local créé
rappelle un responsable du cluster écoconstruction.
Une transition qui ne se décrète pas, elle se bâtit
Cet atelier du 25 juillet n’est pas un colloque de plus. Il est le test de la volonté réelle des acteurs de sortir du tout-enfouissement et de bâtir ensemble une filière locale, cohérente, rentable et résiliente. Les outils sont là, les urgences aussi. Reste à faire le lien.
À chaque chantier, à chaque pelletée, la Calédonie peut choisir de recycler son avenir plutôt que de le jeter à la benne.