Cambriolages en hausse, violences gratuites, jeunes livrés à eux-mêmes : la délinquance explose en Nouvelle-Calédonie. La province Sud sort l’artillerie lourde.
Une délinquance banalisée qui fracture la société calédonienne
Depuis les émeutes du 13 mai, la délinquance ne cesse de se radicaliser. Le constat est glaçant : +30 % de cambriolages, 110 policiers blessés, et une augmentation fulgurante des violences intrafamiliales. Le premier semestre 2025 s’annonce déjà plus tendu que l’année précédente. Le sentiment d’insécurité, quant à lui, s’étend dans tous les foyers.
Le Haut-Commissaire Jacques Billant dresse un tableau noir : une violence désinhibée, de plus en plus jeune, souvent sous emprise de l’alcool ou de stupéfiants. Le traumatisme est collectif. À la délinquance classique s’ajoutent désormais incendies volontaires, vols en réunion, intrusions nocturnes, et une explosion de la criminalité urbaine.
Les zones sensibles, comme certains quartiers de Nouméa ou du Mont-Dore, deviennent des points chauds où la présence policière reste insuffisante. Mais au-delà du terrain, c’est toute une société sous tension qui se dessine, avec des familles brisées et des mineurs en errance.
Un plan de prévention offensif pour cibler la jeunesse
Face à cette spirale infernale, la Province Sud a dévoilé son Plan Provincial de Prévention de la Délinquance 2025-2028 (PPPD). Objectif : agir à la racine, en ciblant les jeunes, les familles et les territoires à risque. Ce plan, salué par le parquet, l’État, les communes et les acteurs associatifs, s’articule autour de cinq priorités concrètes :
Prévenir la délinquance des mineurs, avec un accent mis sur le décrochage scolaire et l’oisiveté en dehors du temps de classe.
Renforcer l’aide aux victimes et lutter contre les VIF, avec une meilleure prise en charge psychologique et judiciaire.
Endiguer les addictions à l’alcool et aux drogues, premières causes des passages à l’acte.
Reprendre le contrôle de l’espace public, via une présence accrue des forces de l’ordre et la vidéosurveillance intelligente.
Valoriser la citoyenneté, en développant le service civique, le budget participatif et les programmes comme Clic&mouv’.
Parmi les mesures phares annoncées : suspension des allocations familiales pour les parents défaillants, travaux d’intérêt général pour mineurs délinquants, fichiers anti-alcool pour les récidivistes, et aides étendues à la sécurisation des commerces et des habitations.
Chaque action vise à stopper le glissement vers la récidive, en responsabilisant à la fois les jeunes, leurs parents, et les institutions. Il s’agit de briser le cycle de la délinquance avant qu’il ne devienne structurel.
Une stratégie collective pour restaurer l’État de droit
La lutte contre la délinquance ne peut reposer uniquement sur la police ou la justice. C’est le message martelé par la présidente Sonia Backès et le procureur Yves Dupas : seule une mobilisation générale peut inverser la tendance.
Le PPPD 2025-2028 n’est pas un simple catalogue de bonnes intentions. Il repose sur un diagnostic territorial précis, des indicateurs partagés, et une coordination inédite entre la province, les communes, l’État, la justice, les établissements scolaires et le tissu associatif.
La création de centres d’accueil pour jeunes en rupture, le déploiement de nouveaux dispositifs de médiation, ou encore la lecture automatisée des plaques de véhicules volés.
Mais au-delà des outils, c’est une volonté politique forte qui se dégage. Celle d’affirmer que la sécurité est la première des libertés. Que l’inaction nourrit le chaos. Et que chaque jeune sauvé d’une spirale délinquante est une victoire pour toute la société calédonienne.
Le plan prévoit également un suivi annuel, des bilans publics, et une adaptation continue aux évolutions de terrain. Il entend remettre l’État de droit au cœur du quotidien et répondre aux appels pressants des maires, dépassés par la montée des tensions locales.
La province Sud prend les devants face à une délinquance galopante. Avec ce plan de prévention 2025-2028, elle engage une riposte coordonnée et ambitieuse. Il reste à voir si cette dynamique collective suffira à contenir une violence de plus en plus précoce et radicale. Ce qui est certain : la Calédonie ne peut plus attendre.