Entre Sydney et Nouméa, l’Auguste Bénébig a mené une mission stratégique au cœur du Pacifique. Surveillance, coopération régionale et formation : récit d’une campagne dense.
Une guerre silencieuse contre la pêche illégale
Depuis le 12 juin 2025, le patrouilleur outre-mer Auguste Bénébig est engagé dans une vaste mission de lutte contre la pêche illégale, dans la zone de responsabilité permanente des Forces armées en Nouvelle-Calédonie (FANC). Après avoir participé à l’opération internationale NASSE 2025, menée par les États-Unis, le bâtiment a intégré la mission OP365, pilotée par le Regional Fisheries Surveillance Center.
Pendant plusieurs jours, l’équipage a multiplié les contrôles en haute mer, entre ZEE australienne et ZEE française : vérifications à bord, par radio VHF, surveillance par drone… Chaque embarquement visait un objectif clair : assurer une activité de pêche conforme au droit international.
Le retour en ZEE française a marqué un tournant : Chesterfield, Entrecasteaux, Astrolabe, autant de récifs stratégiques passés au crible. La mission baptisée TRIDENT a mobilisé un dispositif aérien renforcé, incluant notamment un drone SMDM et un hélicoptère Puma de la base aérienne de Tontouta. Ce dernier a permis l’embarquement du futur commandant du navire lors d’une manœuvre d’aviation à la veille du retour à Nouméa.
Coopérations régionales et diplomatie navale
Du 17 au 21 juin, le Bénébig a fait escale à Port Vila, capitale du Vanuatu. Cette pause a pris des allures d’événement diplomatique : les ambassadeurs de France, d’Australie, du Japon et de Nouvelle-Zélande se sont réunis à bord pour témoigner de l’engagement commun contre la pêche illégale et pour la sécurité maritime.
Plus qu’une simple visite, cette escale a permis un échange concret : deux observateurs vanuatais ont embarqué pour une patrouille conjointe. En 24 heures, quatre interrogations ont été menées, illustrant la montée en puissance des collaborations interinsulaires dans la région.
La Marine nationale a également mis ce transit à profit pour livrer du matériel météorologique à destination du service local de géosciences. Preuve d’une mission qui conjugue défense, diplomatie et aide au développement régional.
Et pour renforcer les liens avec la société civile, des élèves du lycée français Le Clézio ont visité le bâtiment. La mission s’est clôturée sur une note conviviale avec un match de football opposant l’équipage du Bénébig au Malampa United FC, dont certains membres avaient participé à la patrouille en mer.
Formation embarquée : les marins montent en puissance
Au-delà des opérations, cette mission fut aussi un terrain d’entraînement intensif pour les jeunes marins. À bord, les journées ont été rythmées par des exercices de sécurité, des simulations médicales et des formations techniques.
Chaque manœuvre — qu’il s’agisse d’un appontage d’hélicoptère, d’une inspection ou d’un exercice de luttre contre incendie — a contribué à l’aguerrissement de l’équipage. Pour les nouveaux embarqués, cette rotation fut un baptême du feu : confrontation au réel, travail d’équipe et transmission du savoir-faire français en conditions opérationnelles.
Ce renforcement des compétences s’inscrit dans la mission permanente des FANC dans le Pacifique Sud. Leur rôle ? Protéger les intérêts français, répondre aux crises sécuritaires ou climatiques, et soutenir les pays partenaires du Pacifique. Dans un espace maritime aussi vaste que stratégique, la France entend bien affirmer sa présence et ses responsabilités.
L’Auguste Bénébig, par cette mission exemplaire, incarne la polyvalence des moyens français dans le Pacifique. Entre dissuasion maritime, formation militaire et coopération régionale, le patrouilleur trace sa route, au service d’une France océane résolument engagée.