Le site minier isolé de Porwi a été la cible d’un acte de vandalisme d’une rare violence. Dortoirs incendiés, cuisine pillée, nourriture volée : un sabotage aux allures de message politique.
Une attaque coordonnée, en pleine nuit
Il est 4 heures du matin, jeudi 24 juillet, quand les employés de Cotransmines découvrent l’ampleur des dégâts. Deux conteneurs de 20 pieds aménagés en dortoirs sont calcinés. À quelques mètres de là, la cuisine et sa terrasse ont été méthodiquement saccagées. Les réserves de nourriture, pourtant fraîchement livrées, ont disparu. L’attaque semble avoir été préméditée : aucune trace d’effraction par la route, ce qui renforce la thèse d’une arrivée par la mer.
Le site, situé à l’extrémité de la presqu’île de Porwi, est un point stratégique pour le chargement du minerai extrait par NMC à Poya. Les employés y vivent en autarcie pendant une semaine complète, dans un isolement logistique total. Cotransmines avait investi en 2023 pour aménager ces installations, garantissant un minimum de confort au personnel. Désormais, sans électricité et ni ravitaillement, il a fallu reloger les équipes dans l’urgence.
Du vandalisme au sabotage économique ?
Ce n’est plus de la simple délinquance. Depuis les émeutes de mai, la Nouvelle-Calédonie est confrontée à une multiplication d’actes ciblés qui relèvent d’une logique de sabotage. Commerces incendiés, engins de chantier détruits, bâtiments publics vandalisés : le tissu économique local est pris en otage.
Avec cet acte survenu à Porwi, les sites miniers deviennent à leur tour des cibles. Un cap est franchi. Le secteur minier, pilier de l’économie calédonienne, subit une pression nouvelle. Ce saccage intervient alors que les tensions politiques et identitaires restent vives, et que certains slogans laissés sur les lieux laissent entendre une volonté d’évincer toute forme de présence économique extérieure.
Pour certains acteurs du secteur, il s’agit d’une attaque symbolique :
On veut nous faire comprendre que notre présence ici dérange.
Et dans les cercles industriels, le mot “épuration” commence à circuler.
Une réponse judiciaire mais aussi politique
La gendarmerie de Poya a immédiatement ouvert une enquête. L’objectif : identifier le ou les auteurs de cette attaque, et surtout comprendre leur mode opératoire. L’absence de traces sur la route menant au site oriente les soupçons vers une approche maritime, preuve de la détermination -voir du professionalisme- des assaillants.
Mais au-delà du volet judiciaire, c’est une réponse politique qui est attendue. Le monde minier s’inquiète d’un “climat d’impunité” et d’un “laxisme institutionnel” face à une radicalisation violente. L’attaque de Porwi vient rappeler que l’économie calédonienne, déjà fragilisée, pourrait vaciller si ces exactions venaient à se multiplier.
C’est un sabotage économique, ni plus ni moins confie un cadre de Cotransmines.
Et dans une Nouvelle-Calédonie déjà à fleur de peau, la ligne rouge semble avoir été franchie.
Ce sabotage marque un tournant : après les commerces, ce sont désormais les mines qui sont visées. L’économie calédonienne entre dans une zone de turbulences sans précédent.